La filière restauration entre TVA à 5,5% et coup de tabac
La TVA à 5,5 %. Le sujet était sur toutes les lèvres des participants au congrès national de l'UMIH (Union des métiers de l'industrie hôtelière) qui vient de se dérouler à Lyon. En effet, la semaine dernière, les ministres de l’Économies et des Finances de l'Union Européenne avaient proposé une directive sur la réduction du taux de TVA en restauration pour 2008, lorsque la France assurera la présidence de l'UE. L'Allemagne, jusqu'ici farouchement opposée à ce dossier, a également annoncé qu'elle lèverait son droit de veto. Reste que si le projet a fait un bond en avant en quelques jours, le délai de mise en application de cette réforme n'a pas encore été divulgué. « La France prend la présidence européenne en juillet 2008, il sera donc difficile de mettre en application cet accord l'année prochaine. D'ici là, j'espère que le projet de loi de finances 2008 sera modifié », explique André Daguin, président de l'UMIH. En effet, depuis 2004, la profession bénéficie d'un dispositif d'aide à l'emploi qui a permis de revaloriser le salaire minimum de 5,2 % et de garantir 4 heures supplémentaires à tout le personnel. Or, ce projet limite les aides à l'emploi aux 30 premiers salariés. Cette nouvelle règle mettrait de côté plus de 200 000 salariés sur les 600 000 que compte le secteur.
Le retour du spectre des fermetures massives
Autre sujet brûlant : l'interdiction de fumer dans tous les lieux publics dès janvier prochain. Si la mesure ne semble pas gêner les restaurateurs, elle met en péril l'ensemble des cafés, bars et discothèques. « La seule solution envisageable pour ces établissements est de faire sortir leurs clients à l'extérieur de leur commerce pour qu'ils puissent fumer. Or, cette pratique n'est pas conforme aux réglementations d'usage. Pour une discothèque, toute sortie est définitive car elle entraîne la responsabilité du gérant. Un coin fumeur à l'extérieur générerait également du tapage nocturne. Nous demandons donc avec insistance aux pouvoirs publics qu'ils donnent des solutions à ces établissements qui risquent tous la fermeture », reprend André Daguin prompt à dresser un tableau cataclysmique de la situation.
Avec cette loi anti-tabac, la France se met au diapason européen. En effet, la plupart des pays membres appliquent déjà des formules plus ou moins souples de cette loi anti-tabac. En Irlande, Grande-Bretagne, Norvège et Lettonie où le tabac est proscrit depuis longtemps, la profession affirme qu'elle n'a pas constaté de perte importante de son chiffre d'affaires. En France, les acteurs du secteur sont moins optimistes. Selon eux, cette loi pourrait enrayer la croissance de la filière. Aujourd'hui, celle-ci se porte bien avec un chiffre d'affaires annuel de l'ordre de 53 milliards d'euros et une valeur ajoutée dégagée d'environ 25 milliards d'euros, soit le double de celle de l'industrie automobile.