La filière alimentaire recherche candidats désespérément
Si certains jeunes des banlieues dénoncent le délit de faciès qui les empêche de trouver du travail, des secteurs d’activité se plaignent de ne pas trouver de candidats, pour cause de mauvaise image. C’est le cas de l'agroalimentaire qui connaît toutes les peines du monde à recruter. Sur le Salon de l'Éducation, qui a ouvert ses portes jeudi à Paris, les institutionnels et les organisations professionnelles étaient nombreux pour tenter d'orienter d'éventuels candidats, qui ne sont pas légion. « Nous avons une capacité de 600 apprentis, mais nous n'en formons que 300», souligne Marie Christine Suhit, développeur de l'apprentissage pour l'École professionnelle de la boucherie. Et pourtant, les artisans comme les grandes surfaces sont demandeurs. L'un de ses apprentis, sorti de l'école il y a un an, gagne aujourd'hui 4 000 euros par mois. « Tous ne réussissent pas aussi bien, mais nous formons des personnes capables de valoriser aussi bien l'avant que l'arrière des animaux. Après avoir officié dans un rayon boucherie, gérer un rayon poissonnerie ou produits frais est un jeu d'enfant ».
5 000 postes à pourvoir dans les 5 à 7 ans à venir
Le déficit de personnel se fait également sentir dans la filière laitière, présente sur le salon. Le Cidil estime que 5 000 postes vont être à pourvoir dans les 5 à 7 ans à venir, renouvellement des générations oblige. Mais selon une enquête Ifop/Cidil réalisée auprès de 600 jeunes, 72 % « se déclarent mal informés sur les métiers de l'industrie laitière», et 89 % « connaissent mal les formations ». La filière, qui rencontre de gros soucis de recrutement dans le secteur de la transformation, a décidé d'entamer une série de conférences dans les lycées pour susciter des vocations à partir de la prochaine rentrée scolaire. À quelques mètres, le syndicat national de la restauration collective a planté ses 150 m2 de stand pour remédier à son déficit d'image, pour la quatrième année consécutive. « Il faut casser la perception vieillotte de la cantine», explique Dominique-Philippe Bénézet. Le délégué général du SNRC estime à 10 000 le nombre d'emplois à pourvoir tous les ans. « À l'avenir, la restauration concédée devrait indéniablement progresser, avec l'évolution de la réglementation et des contraintes liées à l'hygiène. Les petites structures vont devoir évoluer ». Sur la base du volontariat, une centaine de jeunes ont répondu favorablement à des offres de stages découverte de 5 jours, suite à des contacts avec les établissements scolaires. Un accord-cadre sur la promotion des métiers de la restauration collective devrait d'ailleurs être signé durant le Salon entre le président du SNRC et Gilles de Robien, ministre de l'Éducation Nationale.