La fièvre asiatique rebat les cartes du marché
La diffusion du virus de la grippe aviaire type H5N1 à travers le continent asiatique (voir p. 3) rebat les cartes des échanges de viande de volaille dans cette région du monde. Celle-ci compte, avec la Thaïlande, le quatrième exportateur mondial, avec près de 500 000 tonnes estimées en 2003 Prévisions World Broiler.. Et elle compte des importateurs majeurs dont le Japon est le premier, avec 760 000 tonnes importées l’an dernier. Les autres importateurs asiatiques sont la Chine (400 000 t), Hong Kong (210 000 t), et l’Arabie Saoudite (185 000 t). L’Union européenne est le deuxième marché de la Thaïlande après le Japon. Elle a importé 27,5 % de la volaille thaïlandaise en 2002 d’après le CFCE, 62 % sous forme crue, 38 % sous forme élaborée.
Aussi, le retrait temporaire de la Thaïlande, dont plusieurs provinces sont atteintes de grippe aviaire, affectera, ne serait-ce que ponctuellement, le marché européen. Il se traduira directement par la chute des importations allemandes, qui avait renforcé ses importations l’an dernier. Il se traduira indirectement par une moindre pression de la part du Brésil et des autres pays exportateurs, qui ont soudainement à fournir les pays asiatiques atteints dans leur production domestique. Les prix pourraient s’en porter mieux. Le marché asiatique de la Thaïlande (335 840 t d’après le CFCE en 2002) ne représente qu’une partie du marché à fournir temporairement en raison de l’épidémie.
Les exportateurs de l’UE ont en revanche peu de chance de capter ces marchés, où ils ne sont pas implantés. Leurs prix élevés et leurs produits peu découpés les cantonnent au marché de la grande restauration, principalement japonaise. L’Arabie Saoudite et le Moyen-Orient achètent surtout au Brésil.
Les Etats-Unis sont en meilleure position pour saisir l’opportunité, parce qu’ils sont les premiers producteurs du monde, parce qu’ils exportent des découpes et produits élaborés et parce que le dollar est faible. De plus, ils accentuent leur pression sur l’Asie depuis la mise en place des quotas russes à l’importation au printemps dernier. Leurs exportations en Chine ont augmenté l’an dernier.