La farce
On en est à se demander ce qu'il y a de plus grotesque dans l’affaire du MON810. Après réflexion, et sans consultation préalable d’aucun avis scientifique, on peut affirmer que tout l’est. A commencer par le côté croquignolet de la procédure imaginée pour la circonstance. Rappelons son admirable mécanique. En résumé, il s'agissait de solliciter de la part d'une haute autorité qui n'existe pas une prise de position qu'elle n'entendait pas assumer, sur la base de risques nouveaux dont personne n'avait eu connaissance. Et celà afin de les faire valoir auprès d'une Commission dont on savait d'avance qu'elle allait les rejeter en bloc. Avec un tel canevas, la farce pouvait commencer. Et elle n'a pas déçu. Passons sur les outrances, palinodies et retournements de vestes dérisoires auquel l'affaire a donné lieu jusqu'au sommet de l'Etat pour en venir à l'ultime pied de nez, au coup de théâtre final, à la cerise sur le gâteau. 14 membres de la haute autorité fantôme ont mis moins de 24 heures pour contester les conclusions annoncées avec fracas par leur président devant la presse. Des conclusions qui, ô habileté du scénariste, collaient au mot près avec les « doutes sérieux » qu'on souhaitait précisément qu'il émit. Stupeur dans la salle : les « doutes sérieux » n'en étaient plus, la haute autorité sombrait au plus bas et Lemétayer ramait pour contenir la rage des producteurs de maïs. Last but not least, José Bové revenait sur la scène télévisée pour dire que puisque c’était comme ça, il continuait sa grève de la faim. Baisser du rideau, applaudissements nourris. Après consultation d’un panel de comiques, nous sommes en mesure d'annoncer que le prochain acte verra la réapparition du président de la République. Tout cela serait vraiment tordant si ça n'était aussi pitoyable.