La distribution se sent écartée de l'Inao
L'ordonnance encadrant la réforme de l'Inao, Institut national de l'origine et de la qualité, ne prévoierait pour l'instant qu'une très faible place à la distribution, déplore Jérôme Bédier, président de la Fédération des entreprises du commerce et de la distribution.
LM : L'ordonnance encadrant la réforme de l'Inao était attendue pour cet été. Avez-vous été consultés lors de sa rédaction ?
Jérôme Bédier : Le ministère que nous avons interrogé nous a répondu que des distributeurs pourraient être dans les comités à titre d'expert sans qu'on puisse préjuger de leur place. La distribution n'est pas considérée comme un partenaire professionnel sur un sujet aussi sensible que la gestion des signes officiels de qualité et d'origine. Cela nous paraît contreproductif. Les signes de qualité sont un élément déterminant de la segmentation des produits et l'avenir est dans la diversification.
LM : D'après le projet actuel de l'ordonnance, quelle serait exactement votre place au sein de l'Inao ?
Jérôme Bédier : D'après nos informations, il y aurait les quatre comités (ndlr : vins, Aoc laitières et agroalimentaire, Label rouge et IGP et bio, ainsi qu’un conseil agrément et contrôle), un collège professionnel regroupant la production, l'industrie et le négoce, un collège administration et un collège d'experts. Des personnalités issues de la distribution pourraient être dans le collège des experts sachant que la seule représentation des consommateurs y est imposée. C'est une totale régression par rapport à la CNLC où la distribution était représentée en tant que secteur. Donner une représentation aux industriels, à la production, au négoce, au consommateur et pas à nous relève du fin découpage. Si c'était confirmé, cela dénoterait la volonté de mettre la distribution de côté alors que nous représentons une part très significative des ventes sous signes de qualité. Nous avons une bonne puissance de communication et envie de travailler avec le monde agricole, mais il faut de la visibilité pour construire dans la durée.
LM : Comment voyez-vous l'avenir de la CCP dans le cadre de cette réforme ?
Jérôme Bédier : C'est justement le sujet sur lequel un vrai dialogue est nécessaire. En 1995, le ministre de l'époque avait voulu développer les signes de qualité. La grande distribution a fortement joué le jeu. A tel point qu'un ou deux ans après, certains nous reprochaient de phagocyter les signes de qualité qui ne devaient pas, par exemple, figurer sur des produits à marques de distributeur. Maintenant si nous ne pouvons pas travailler ensemble en amont sur les signes officiels, si ce n'est que l'affaire des producteurs, nous ne pourrons pas les développer aussi bien. Ce qui conduira naturellement à développer des communications plus individualisées. Nous préférons la voie d'une collaboration directe et ouverte.