La discussion piétine au sein d’Interbev
L’ambiance reste électrique dans la filière bovine. Jeudi, à l’assemblée générale de la FNB, les éleveurs ont reproché à Jean-Paul Bigard d’être le seul industriel à empêcher la remontée des informations d’abattage. On se souvient du coup de tonnerre provoqué par le « roi du steak haché » à la sortie du rapport d’orientation du Sniv (lire notre édition du 28 septembre). Le document mettait en cause l’amont de la filière, notamment sur l’équarrissage et la propreté des bovins. Ces mêmes points font traîner depuis quinze mois le renouvellement d’un accord au sein d’Interbev concernant l’enlèvement des bovins de plus de six mois.
« Nous sommes prêts à une responsabilité partagée et à un esprit de progrès », a lancé à ce sujet le président de la FNB Pierre Chevalier. Pour obtenir le transfert des informations d’abattage à l’association Normabev, les éleveurs ont fait des concessions. Le projet d’accord interprofessionnel leur impose des pénalités sur les saisies à l’abattoir. Il ouvre la voie à un dispositif répressif sur la propreté des bovins. « Seul le Sniv ne veut pas signer, a déploré le président d’Interbev Denis Sibille. Je ne comprendrais pas que l’accord ne soit pas conclu d’ici à huit jours. Cela remettrait en cause la présence de certains dans l’interprofession. »
Guy Hermouet, président de la section engraissement de la FNB, a regretté la constante dégradation des relations au sein de la filière. Il a mis en garde les industriels contre la tentation du chacun pour soi. « Plutôt que d’aller gratter de la plus-value chez les éleveurs, allez mettre la pression du côté des distributeurs », a-t-il déclaré.
Dominique Langlois, président de la FNICGV, a fait part de son inquiétude concernant l’industrie de la viande. Les abattages ont chuté de 5 % en cinq ans et 46 entreprises ont déposé le bilan l’année dernière. Sa fédération met au point un plan de restructuration qui vise à adapter les outils et à développer les produits élaborés. Le patron de la SVA fonde un espoir dans la capacité d’adaptation du secteur. « C’est une ineptie quand deux entreprises investissent dans deux lignes de steak haché, a-t-il souligné. Il faut mettre des outils en commun. » Dans un contexte difficile, la filière a plus que jamais besoin de se serrer les coudes.