Aller au contenu principal

La deuxième chance du Gruyère AOC français

Le Gruyère, reconnu en AOC par la France, est en demande d’AOP depuis le 25 juin 2006. La Commission européenne s’apprêtait à rejeter ce dossier lors du comité de réglementation des AOP et IGP le 15 mars prochain à Bruxelles. Depuis, elle a suspendu sa décision.
L’affaire est préoccupante à plusieurs titres. Rappelons d’abord que c’est la première AOC française présentée à Bruxelles à être rejetée par la Commission européenne. Ce précédent fait désordre pour un État, la France, qui a créé l’Inao en 1935 et est à l’initiative du règlement sur les AOP et IGP. D’autre part, le projet d’accord bilatéral entre l’UE et la Confédération helvétique, signé en décembre 2009, prévoit la reconnaissance réciproque des produits AOP et IGP suisses et européens (à l’exception de l’Emmentaler, dont le cas n’est pas réglé). Le Gruyère suisse, en AOC depuis 2001, fait partie de cette liste. Cela signifie qu’en cas de finalisation de cet accord en septembre 2010, le Gruyère suisse devient officiellement reconnu par l’Europe. Si le Gruyère français n’obtient pas son AOP d’ici là, il perdra automatiquement son AOC antérieure (code rural, article L.640-10). La réservation du nom gruyère à la Suisse fera automatiquement disparaître toute existence du gruyère français sous cette dénomination (2 000 t aujourd’hui).
Pourquoi ce rejet ? La Commission européenne se base sur trois arguments : Le non-respect du principe de l’unicité de l’aire géographique, l’insuffisante spécificité du gruyère au regard de l’aire géographique et l’absence de justification du conditionnement obligatoire dans la zone délimitée. « Les deux dossiers sont identiques, s’insurge Bernard Cassard, directeur de l’ODG français. Les différences minimes portent sur la production et ne rentrent pas dans le champ des arguments invoqués par la Commission. Alors pourquoi accepter l’un et pas l’autre ? À chaque fois que la Commission a demandé des informations complémentaires, nous les avons fournies. »
Devant cet état de fait, le ministre de l’Agriculture a demandé à Dacian Cioloş, nouveau commissaire européen, de surseoir à cette décision, ce qui a été accordé. La commission des affaires européennes, par la voix de son rapporteur Philippe-Armand Martin, a déposé une proposition de résolution européenne à l’Assemblée nationale, demandant le report sine die du rejet tant que l’ensemble des solutions envisageables n’auront pas été examinées par les autorités françaises, et l’examen concomitant des dossiers français et suisses sur les mêmes bases.

Les plus lus

salle de traite en élevage laitier
Prix du lait : des tendances négatives venues d'Europe du Nord

Les prix du lait au producteur sont sous pression dans le nord de l’Europe, car les cotations des produits laitiers…

graphique de la cotation entrée abattoir du JB R
Le prix des taurillons R dépasse les 7 €/kg

Les prix des jeunes bovins français grimpent nettement depuis le mois d’août et dépassent un nouveau record historique, même s…

Dépalettiseur
Œufs : « Il manque 3 millions de poules », comment la filière s’adapte à la tension

La transition vers l’œuf alternatif est bien amorcée par l’amont de la filière œuf. Mais il faut plus de poules en code 2 ou 1…

Le poulet label Rouge Rungis
Poulet Label Rouge : « On a vraiment un problème de répartition de valeur »

Après plusieurs années de recul, l’horizon s’éclaircit pour les ventes de poulets entiers Label Rouge en grande distribution.…

Volaille : où l’Ukraine dirige-t-elle ses exportations en 2025 ?

En 2025 et 2026, la production de volailles en Ukraine devrait croître lentement, tout comme les exportations, selon les…

Le cours du porc à plérin sur un an
Le prix du porc sous les coûts de production en France

Le prix du porc se creuse à nouveau cette semaine, malgré les insistances des éleveurs de l’amont pour le stabiliser.…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 90€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Les Marchés
Bénéficiez de la base de cotations en ligne
Consultez vos publications numériques Les Marchés hebdo, le quotidien Les Marchés, Laiteries Mag’ et Viande Mag’
Recevez toutes les informations du Bio avec la newsletter Les Marchés Bio