La crise de trop (suite)
Le melon charentais à 1,15 euro pièce ; la nectarine jaune à 1,50 euro le kilo. Les magasins bretons de Système U et leurs fournisseurs ont mis moins de 24 heures avant de mettre en œuvre l’accord interprofessionnel signé la veille sous l’égide des ministères de l’agriculture et du commerce autorisant la communication d’annonces avec prix, notamment dans la presse quotidienne régionale. L’enseigne ne sera sans doute pas la seule à profiter de cette brèche ouverte dans l’article 49 de la loi des Nouvelles régulations économiques, dont le gouvernement s’est engagé à proposer la modification au Parlement avant la fin de l’année. « Normal, note un professionnel, une mise en avant promotionnelle, ça permet en moyenne de multiplier les ventes par 2,5 ou 3 ». La modification d’un article de loi manifestant inefficace et adopté sous la pression de la profession agricole il y a trois ans, c’est donc la solution que sont parvenus à arracher Hervé Gaymard et Christian Jacob, contre toute attente, aux syndicats de producteurs. Certains diront que c’est une belle victoire des fidèles chiraquiens sur Sarkozy, dont la proposition de prix minimum a dans le même temps été repoussée aux oubliettes. D’autres estimeront que c’est un triomphe pour les distributeurs qui ont toujours réclamé l’abrogation de cet article. Mais autant on peut se montrer critique vis-à-vis de la politique adoptée par la grande distribution des fruits et légumes depuis 30 ans, autant on ne peut comprendre que certains producteurs, le plus souvent par manque de compétitivité ou par simple jalousie, aient voulu interdire à leurs voisins de vendre moins chers qu’eux et d’oser le faire savoir. C’est une autre leçon de cette crise qu’il ne faudra pas oublier.