La crise de la salade n’est pas terminée
Structurelles ou conjoncturelles, les origines de la crise de la salade continuent d’alimenter les débats alors que les transactions ont repris lundi matin sur le MIN de Châteaurenard, avec beaucoup de volumes et de la belle qualité. Après quatre jours de blocage du marché, d’arrêt de la coupe, de la commercialisation, et une grande mobilisation, le SNM n’a pas publié de cotations ce lundi matin.
Depuis le début janvier, les prix payés producteurs oscillaient entre 0,15 et 0,20 cts d’euros alors qu’au détail, les prix affichés variaient de 0,8 à 1,20 euro/pièce, provoquant leur exaspération. Au cours d’une réunion tenue vendredi après midi, les producteurs ont décidé de demander un prix de base de 30 cts d’euros/pieds pour les laitues et les batavias, qui correspond au coût de production de l’espèce. C’était l’une des conditions de la reprise du marché. Des contrôles des bons vont être effectués pour vérifier que négociants et expéditeurs tiennent ce prix de base et la prochaine mercuriale sera publiée mercredi.
Le marché va reprendre ses droits
Néanmoins, même si la consigne de prix est respectée, il n’est pas sûr que la crise ne perdure pas car il n’est pas exclu que dans quelques jours une nouvelle baisse intervienne sur le marché qui devra reprendre ses droits. Ce que l’on retiendra de cette crise, c’est le mouvement de solidarité qui a été respecté par les bassins de production. A l’appel de la section nationale salade et de la FDSEA des Bouches du Rhône, les Pyrénées orientales, le Sud Ouest, la Bretagne, le Val de Loire ont ralenti la récolte (à défaut de la stopper totalement) suffisamment pour créer un assèchement du marché.
Cette « grève » a provoqué de nombreuses réactions du côté de la FCD ou encore des détaillants. Selon un communiqué de la FCD, « les distributeurs ne veulent pas être les boucs émissaires des difficultés conjoncturelles » qui renvoient « la production du Sud-Est à son manque d’organisation ». La FCD préconise « une remise à plat de la filière sous l’égide d’Interfel »et « l’examen des questions de fixation des prix. » La FNPL pour sa part a demandé un rendez-vous au ministre de l’Agriculture dès le 28 février. Dans un courrier, Angélique Delahaye demande « une réunion rapide des représentants de la filière afin, à partir d’une meilleure transparence des coûts de la filière, de travailler à une juste rémunération des producteurs. » Michel Barnier, qui a reçu samedi une délégation de producteurs provençaux venus distribuer gratuitement des salades au salon de l’Agriculture, a indiqué qu’il allait demander à la Direction générale de la concurrence et de la consommation (DGCCRF) une « enquête sur la répartition des marges » dans la filière de la commercialisation des salades. Pendant ce temps, à Châteaurenard, la crise s’est enlisée dans des luttes intestines qui devraient laisser des séquelles dans le microcosme de la salade.