La consommation, talon d’Achille de la pomme de terre
L’assemblée générale de l’interprofession de la pomme de terre du (CNIPT) se tiendra le 14 décembre prochain à Paris. Elle sera l’occasion d’une table ronde et d’un débat autour du sujet le plus préoccupant, dans l’immédiat, pour cette filière : l’évolution de la consommation. Le thème retenu est le suivant : « pommes de terre, à la conquête des consommateurs ». Nous suivons régulièrement, à travers les informations recueillies auprès du CNIPT, les différents éléments de la conjoncture dans ce secteur ; et si l’en est un qui déçoit, voire qui inquiète, c’est bien la désaffection du consommateur vis-à-vis de la pomme de terre.
Le panel SECODIP sur la consommation des ménages traduit cette année, un recul de l’ordre de 3 % dont on ne s’explique pas clairement la cause, le transfert de la consommation en frais vers les produits transformés ne paraissant pas significatif. On ne peut pourtant pas reprocher à la filière de ne pas avoir fait d’efforts depuis des lustres pour sortir le tubercule de son statut basique : amélioration de la qualité, segmentation, adaptation des variétés aux usages culinaires spécifiques… Ces efforts auraient-ils mieux porté auprès des clients extérieurs que de nos propres consommateurs ?
Une campagne européenne en recul
Dans le bilan de campagne, l’exportation figurera parmi les sujets de satisfaction et de perspectives positives car les premiers mois de la campagne laissent entrevoir un nouveau beau score à l’export (Les Marchés du 16 novembre). Les dernières estimations de récolte dans l’UE à 15 et plus précisément dans les 5 grands pays producteurs du Nord de l’Europe, ainsi qu’en Espagne et en Italie permettent d’espérer de bons courants extérieurs et un équilibre satisfaisant pour le marché intérieur français. Le CNIPT pointe des chiffres provisoires de récolte de pommes de terre de conservation de 4,44 Mt pour la France, pratiquement identiques à ceux de 2005, 2,34 Mt pour la Belgique (+ 0,9 %) 3,07 Mt pour les Pays-Bas (-4,4 %) 5,75 Mt en Allemagne (-14 %), et 4,8 Mt en Grande-Bretagne (-3,0 %). Au total, un volume de 20,4 Mt pour les cinq grands producteurs, soit un recul de 5,9 %. De plus, précise le CNIPT, la production commercialisable serait assez nettement en deçà de cette récolte brute en raison de gros problèmes qualitatifs qui ont frappé la plupart de nos voisins, la France étant moins touchée. Au Sud, l’Espagne est provisoirement créditée de 2,02 Mt, -5 % par rapport à l’an dernier alors que la production italienne est estimée à 1,45 Mt. Les achats espagnols de pommes de terre françaises devraient donc se consolider, alors que l’Italie accentuerait plutôt le ralentissement engagé la dernière campagne. Les nouveaux États membres connaîtraient des baisses sensibles de récolte ce qui ramènerait la production totale de l’UE à 25 à 52 millions de tonnes, le plus bas niveau depuis 10 ans, souligne le CNIPT.