La Commission européenne épingle un « cartel de la banane ».
La commissaire européenne à la Concurrence Neelie Kroes, qui a fait de la lutte anti-cartels sa grande priorité, a épinglé mercredi une entente illicite dans le secteur de la banane, selon une source proche du dossier. Bruxelles a envoyé à plusieurs producteurs de bananes « une communication de griefs », première étape formelle d'une procédure d'infraction en droit européen de la concurrence. L'américain Dole a confirmé avoir reçu un tel document et rejeté les accusations de la Commission. D'après la source ayant requis l'anonymat, une demi-douzaine d'entreprises sont soupçonnées d'avoir participé durant environ cinq ans à ce cartel, dont les cinq premiers producteurs mondiaux: les multinationales américaines Chiquita, Del Monte et Dole, l'équatorienne Noboa et l'irlandaise Fyffes. Interrogée, la Commission a refusé de commenter ces informations. Il y a deux ans, en juin 2005, elle avait reconnu, sans citer aucun nom, avoir mené des inspections surprise chez des distributeurs de bananes en Belgique, en Allemagne, au Royaume-Uni et en Irlande, afin d'y recueillir des preuves. La Commission soupçonne les différentes sociétés d'avoir, dans les années 90, échangé des données confidentielles relatives aux volumes et aux prix des bananes importées en Europe. Grâce à ces informations, elles ont ensuite pu s'entendre, dans le secret et en toute illégalité, pour fixer des prix artificiellement élevés et se partager les marchés. Désormais, les entreprises disposent de quelques mois pour se disculper ou se justifier auprès de la Commission. Si ces arguments ne convainquent pas l'exécutif européen, celui-ci pourra les condamner à verser une amende, pouvant aller jusqu'à 10% de leur chiffre d'affaires annuel. A défaut d'être énorme, le commerce de la banane est ultrasensible en Europe. Depuis des années, il provoque de vives tensions entre l'UE et les Etats-Unis et l'Amérique latine au point qu'on parle parfois de « guerre de la banane ».