La clémentine de Corse peut arborer son IGP
Après un parcours plutôt chaotique dans l’obtention de son IGP, la clémentine de Corse « au cul vert » va pouvoir montrer son logo dans les rayons. Le dossier aura mis huit ans avant d’aboutir : « Devant les difficultés pour présenter une offre groupée, nous étions prêts à arracher », se souvient André Cordosi, président du service d’utilité agricole de développement (Suad) de la chambre d’Agriculture. Alors que l’IGP définitive avait été obtenue par la Commission européenne, le règlement 506 qui venait d’être promulgué, a maintenu la procédure de consultation publique six mois de plus pour satisfaire aux exigences de réciprocité des pays tiers et ce n’est que le 16 février de cette année que l’IGP a été obtenue. Alors que les années précédentes c’était le logo CQC de la certification de conformité, celui-ci est abandonné au profit de celui de l’IGP, une des conséquences de l’accès direct au signe européen (lire LM de lundi).
« Maintenant, nous discutons le prix avant »
Cette année, ce sont 17 000 tonnes de fruits qui seront expédiés au lieu des 24 000 tonnes de l’année dernière par environ 135 producteurs à part entière. Une baisse de production due aux aléas climatiques du printemps car les fruits se sont décrochés des arbres. L’aire géographique couvre 1 300 ha sur la bande côtière entre Borgo et Solenzara. La clémentine de Corse, mûrie entièrement sur l’arbre, est distribuée immédiatement après récolte sans passage en entrepôts frigorifiques auprès d’importateurs (40 %) et en vente directe aux GMS (60 %) avec une tendance à l’augmentation auprès de ces dernières.
« L’IGP nous a permis de valoriser la production, se félicite Jean-Paul Mancel, président de l’Aprodec, l’ODG gérant la clémentine. Mais surtout, avant, la rémunération était discutée après la production par les importateurs, alors que maintenant, nous discutons avant. C’est un grand changement. Le prix de marché est fixé à la semaine et il n’y a pas d’engagement sur la saison. » La clémentine de Corse est reconnaissable grâce à son « cul vert » qui ne signifie pas qu’elle ne soit pas mûre, mais qui vient d’une combinaison climatique entre la nuit et le jour. Autre détail, elle est vendue avec ses feuilles. Organoleptiquement, cet agrume développe un goût sucré et acidulé ce qui est une de ses principales caractéristiques différenciante de ses concurrentes italiennes ou espagnoles.
D’autres projets sont en cours, notamment un Label Rouge pour segmenter et tirer la production vers le haut ainsi qu’une nouvelle IGP sur le pamplemousse (4 000 tonnes environ) sur la même zone géographique, mais le dossier vient juste d’être présenté à l’Inao avec les mêmes caractéristiques que pour la clémentine. Ce produit pourrait se situer dans les rayons entre le début avril et le 15 juin, lorsque les pamplemousses turcs, de Floride et d’Israël arrêtent leur production. En préparation également le lime (citron vert) et le kumquat. Le Crepac, organisme de promotion des produits corses prévoit un rapprochement dans l’avenir avec les autres produits (châtaigne, miel, huile, vins et Brocciu). Mais c’est le dossier charcuterie qui est le plus attendu dans l’île de Beauté.