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La charcuterie française veut faire rêver le Chinois aisé

La montée en gamme de la clientèle chinoise fait rêver les fournisseurs de produits typiques haut de gamme, comme les fabricants de charcuterie. D’où la nécessité de faire sauter les restrictions sanitaires.

Jacques Lemaître en est persuadé : les produits issus de la filière porcine française ont leur place sur le gigantesque marché chinois. Une brèche a été ouverte avec l’obtention par huit gros abattoirs français de l’agrément pour l’exportation vers la Chine Il s’agit de Socopa Evron et Chateauneuf, Kermené, Cooperl Hunaudaye, Louis Gad, Sas Gatine Viandes, AIM, Europig et Bernard.à la mi-2005, estime l’ancien président de la Fédération nationale porcine, en visite début juin dans l’Empire du Milieu au titre du Comité régional porcin des Pays de Loire et de l’interprofession porcine française, Inaporc. Selon lui, six autres abattoirs sont actuellement candidats à ce passeport indispensable pour exporter vers le pays, essentiellement acheteur aujourd’hui de coproduits, comme les pieds, les oreilles et l’estomac de cochon.

Le négociant breton Michel Jestin, dont l’entreprise exposait au Sial China de Shanghai, confirme cette impression. Son entreprise a exporté l’année dernière environ 250 tonnes par mois de coproduits porcins destinés au marché chinois. Car si la Chine est un très grand pays producteur, avec 48% de la production mondiale, elle est déficitaire en abats dont les consommateurs locaux sont très friands. « Mais on pourrait faire 10 fois plus si toutes les entreprises françaises d’importance étaient agréées», estime-t-il. Les Chinois se montrent acheteurs à bon prix, dès lors que leur marché n’est plus capable de répondre à une demande en croissance régulière, détaille Michel Jestin. Or peu d’entreprises en Europe disposent de l’agrément pour exporter ce type de produits vers la Chine.

Saucisson, truffes et foie gras

L’émergence d’une classe chinoise aisée et «l’occidentalisation» de son alimentation ouvre la voie à d’autres produits français mieux valorisés, assure de son côté Jacques Lemaître. Le VRP de la filière porcine en Chine aime à raconter l’enthousiasme des invités chinois lors d’une opération de promotion organisée dans le pays par l’interprofession en octobre 2005. « En quelques minutes, tout a été englouti, saucissons, andouilles et rillettes !», s’amuse-t-il. Michel Jestin partage également cette analyse. Selon lui, le marché chinois offrira des ouvertures à des produits plus typiques de la gastronomie française, notamment en raison de la progression exponentielle du nombre de touristes chinois visitant la France. L’intérêt porté par les producteurs français de foie gras ou de truffes Parmi les exposants au Sial Shanghai figurait notamment Labeyriepour le marché chinois est le signe que cette demande existe bel et bien.

Pour l’heure, l’exportation de charcuterie se heurte aux contraintes fixées localement. « Les autorités locales imposent une quarantaine. Imaginez le résultat sur des produits frais», raconte Robert Volut, président de la Fédération française des industriels charcutiers, traiteurs, transformateurs de viandes (Fict). Mais, ce dernier ne désespère pas d'obtenir une levée des restrictions.

Le jeu en vaut sans doute la chandelle. Sur le marché de la découpe porcine, les industriels français n’ont en effet guère de chance de franchir un jour la barrière commerciale. « La concurrence est rude, de la part des producteurs locaux mais aussi des industriels américains, canadiens ou brésiliens», rapporte Christophe Le Pichon, patron de Victa, un autre négociant breton de produits carnés (12 millions d’euros de CA en 2005). Selon lui, le marché chinois de la viande est un «marché de prix» et reste très difficile à pénétrer.

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