La campagne pour l'eau Cristaline provoque un tollé
Attaquée de toutes parts, l’eau Cristaline aurait peut-être dû suivre les recommandations du comité de déontologie du bureau de vérification de la publicité. Ce dernier avait émis un avis défavorable sur la campagne lancée le 8 janvier par la marque d’eau de source qui met en cause l’eau potable au travers de son goût, de sa composition et de son origine. Le premier des trois visuels incriminés (visibles sur Paris et sa région) prétend ainsi : « Qui prétend que l’eau du robinet a bon goût ne doit pas en boire souvent. Je choisis Cristaline ».
Le second instille le doute quant à la présence de nitrate, de plomb et de chlore dans l’eau du robinet, alors que le troisième présente carrément une cuvette de WC accompagnée du message « Je ne bois pas l’eau que j’utilise. Je choisis Cristaline ». Jeudi, ce n’est rien de moins que la ministre de l’Écologie Nelly Olin qui a « regretté vivement ce procédé de dénigrement qui risque de créer chez les consommateurs des craintes infondées » et a défendu l’eau du robinet, « l e produit alimentaire le plus surveillé ». Plus tôt dans la semaine, de nombreuses associations avaient déclaré leur indignation face à cette campagne, notamment sur l’aspect antiécologique de l’eau de source lié à la pollution engendrée par les bouteilles et sur l’origine de Cristaline, « connue pour être captée dans les mêmes nappes phréatiques que l’eau du robinet ».
80 % du prix est dû à l’emballage
À l’origine de cette campagne, la marque du groupe Neptune (Vittel, Saint Yorre, etc.) a voulu répondre à la promotion de l’eau du robinet effectuée par le Syndicat des eaux d’Ile-de-France fin 2006. Les affiches du Sedif insistaient alors sur l'« excellente qualité » et le coût bien inférieur de l’eau du robinet. L’une des affiches du syndicat déclamait ainsi « Quelle marque distribue un milliard de litres chaque jour et pas une seule bouteille ? », photo d’un robinet à l’appui. Sur le prix, le ministère de l’Écologie a indiqué que l’eau du robinet coûte 100 à 300 fois moins cher que l’eau en bouteille, dont 80 % du prix est dû à l’emballage.
Bien que le président du groupe Neptune Pierre Papillaud se soit exprimé pendant les journaux télévisés ainsi que sur de nombreuses radios pour recentrer le débat sur l’impossible comparaison entre eau potable et eau de source, Cristaline encaisse les coups depuis une bonne semaine. Dans les colonnes du Figaro, le député et président du Sedif André Santini a annoncé étudier la possibilité d’attaquer la campagne Cristaline. « Le débat est tombé bien bas. Nous proposons un débat télévisé. Des huissiers viendraient en direct contrôler les analyses de l’eau du robinet» a ajouté le député qui entend porter l’estocade.