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« La Bresse doit jouer la carte régionale »

L’abattage de porcs sera réduit de 20 %, et non de 80 % (comme annoncé hier dans LM), nous fait préciser le nouvel homme fort de l’affaire familiale. Explications sur le virage stratégique de l’entreprise.

LM : Dans quel contexte arrivez-vous ?

Robert Blandin : L’entreprise dégage des pertes, avec un cumul de 600 000 euros sur 10 ans. Elles se sont accélérées à partir de l’été 2004. Devant l’absence de réaction du P-DG, les actionnaires l’ont débarqué. Etienne Robin n’a pas voulu accompagner le virage stratégique, qui a fait l’unanimité en comité d’entreprise. J’ai été choisi pour lui succéder en tant que spécialiste des entreprises en mutation culturelle. Le poste de directeur général me donne tous les pouvoirs de gestion. Mon objectif est d’équilibrer les comptes d’exploitation en décembre, d’être un peu positif en 2006 et de dégager un profit normal en 2007. Côté trésorerie, les disponibilités sont pléthoriques, grâce au trésor de guerre constitué dans les années 80.

LM : Quelles sont vos orientations ?

R. B. : Les foyers de perte seront éliminés. Ils concernent 10 à 15 % du chiffre d’affaires. Nous arrêtons dès la semaine prochaine la Filière Qualité Carrefour, qui occasionne un surcoût à l’achat de 4 centimes d’euro par porc, alors que seule la longe est utilisée. A la place, l’activité avec Champion sera doublée. L’abattage de porcs passera de 4 500 porcs à 3 600 porcs hebdomadaires, sur la base de 4 jours par semaine. Son orientation sera la viande fraîche vendue sur le marché local. Inutile de se battre sur le marché européen. Par ailleurs, la branche Surgelé (15 % du CA viande) sera supprimée. Toute la stratégie s’appuie sur la charcuterie. Avant, les achats passaient par notre abattoir. C’est fini. Les approvisionnements s’effectueront à partir de toute l’UE, et notamment l’Espagne dont les prix sont inférieurs de 10 à 15 %. Tout doit être remis à plat. Des investissements sont aussi nécessaires, de l’ordre de 8 à 12 M Eur.

LM : Comment voyez-vous l’évolution du secteur ?

R. B. : La pression sur les prix s’est intensifiée, du côté de la grande distribution. Des entreprises en feront les frais. Elles sont 350 dans le secteur de la charcuterie. Dans un an, je n’en vois plus que 250. Le poids du transport ira croissant, avec la crise de l’énergie. Il représente 5 à 6 % du CA. Ce chiffre peut rapidement doubler. Je pense que l’Europe des régions va naître. La Bresse devra jouer cette carte, en s’approvisionnant à moins de 50 km de distance et en visant une clientèle dans un rayon de moins de 100 km.

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