La Bio à la française souhaite un nouvel identifiant
Le réseau FNAB (fédération nationale de l'Agriculture biologique) souhaite mettre en place un nouvel identifiant commercial des produits biologiques après l'adoption à Bruxelles du principal « règlement d'application » bio européen. Ce texte qu'a voté la France le 2 juillet fait entrer en vigueur un nouveau dispositif au 1er janvier prochain. Le logo AB va demeurer, mais sans les contraintes du règlement français, dont les éléments spécifiques à l'élevage bio français. La Fnab reproche deux autres points au nouveau dispositif : il est compliqué et ne prend pas en compte certaines attentes exprimées par la société et les paysans bio. Des attentes sur la gestion de l'eau et des déchets, les emballages, l'énergie, la proximité, autant de valeurs défendues par le réseau de distribution Biocoop, allié de la Fnab dans le projet de nouvel identifiant.
La réglementation bio se compose désormais d'un règlement cadre voté l'an dernier et du récent règlement d'application inachevé. Elle tente de concilier diverses logiques, analyse Juliette Leroux, chargée de mission règlement à la Fnab.
« Là où les agriculteurs bio français vont exiger moins de traitements chimiques des animaux pour plus de naturalité, les éleveurs du nord de l'Europe auront tendance à traiter plus pour favoriser le bien-être animal. Ces différences de logique n'étaient pas gênantes tant qu'on pouvait avoir une réglementation nationale pour compenser. »Certaines dispositions seront nettement moins strictes que celles pratiquées aujourd'hui en France. Exemple : un poulet pourra être élevé moins de 81 jours et recevoir autant de traitements antiparasitaires que souhaite l'éleveur.
Avicutlure : des points restent à préciser
A quoi sert ce règlement d'application ? A préciser certaines dispositions générales inscrites dans le règlement cadre, avec au final un dispositif un peu alambiqué. Selon la spécialiste de la Fnab, Bruxelles a raté son objectif de simplifier la réglementation bio. Mais le règlement d'application maintient des contraintes importantes. L'interdiction des traitements vétérinaires préventifs en est une. Les médicaments allopathiques ne pourront être utilisés qu'en cas de maladie déclarée et après avoir tenté des traitements naturels. D'autres points restent à préciser, notamment en aviculture. Les travaux se poursuivront pour déterminer si les bâtiments de ponte peuvent comporter plusieurs étages, régler la question de l'âge d'abattage des volailles, qui va avec la définition des souches à croissance lente. « Penser bio, c'est à la fois être pragmatique et tenir un cap », formule Juliette Leroux. Cette ligne de pensée a conduit la Fnab à demander le lien au sol alimentaire des élevages il y a 8 ans, qui ne sera désormais plus obligatoire. Sans cette contrainte, le manque de céréales biologiques que l'on connaît aujourd'hui serait pire, pense la responsable règlement à la Fnab.