La bague est mal vue chez le gibier à plumes
Avant de lâcher dans la nature leurs perdreaux, cols-verts et faisans, les producteurs de gibier de chasse devraient tous les baguer, selon le dernier avis de l'Afssa (LM du 10 avril) sur le risque de peste asiatique dans les élevages de gibier. Le Syndicat national des producteurs de gibier de chasse (SNPGC) s'y oppose et espère au moins que cette contrainte sera limitée au canard col-vert.
En pratique, la traçabilité du gibier à plumes se fait par lot et dès lors qu'ils sont lâchés, les oiseaux recouvrent le statut de « res nullius » : ils ne dépendent plus de personne. Eric Poullain, président du SNPGC, ne voit pas l'intérêt d'un marquage. En revanche, l'apposition de bagues ne manquerait pas de stresser les oiseaux, les rendant plus sensibles aux maladies. Les politiques, qui doivent arrêter une position réglementaire, « sont coincés entre l'avis de l'Afssa et la réalité du terrain», appréhende le responsable.
Le SNPGC propose la « procédure alternative »
Par ailleurs, pour épargner aux éleveurs la visite d'un vétérinaire avant chaque lâcher, le SNPGC propose la « procédure alternative » applicable aux producteurs de poussins destinés aux élevages de gibier. Celle-ci consiste à rester en contact avec la DSV et à l'informant immédiatement de toute anomalie ou mortalité.
Les éclosions, qui ont commencé fin mars, tiennent compte d'une régression des mises en place allant de 5 à 10 %, dit le professionnel. Les conditions d'élevage sont relativement peu perturbées par les mesures de prévention contre l'influenza. Les mises en volières, toujours hermétiquement grillagées, seront retardées pour les espèces les plus sensibles. Les abreuvoirs ont été rentrés. De plus, le grain n'est plus répandu au sol de la volière - ce qui donne d'ordinaire aux oiseaux un avant-goût de la vie en liberté - mais distribué sous abri. Des craintes persistent quant aux élevages de cols verts qui sont normalement élevés en liberté sur un plan d'eau. L'Afssa recommande de « renforcer les mesures d'isolement et les contrôles » à leur égard. Les éleveurs de canards attendent des précisions techniques.
Les lâchers seront autorisés sur la quasi-totalité du territoire national qui est indemne d'influenza. Tout risque de contamination par les migrateurs devrait être écarté lors des lâchers qui démarreront vers le 10 juin dans le Sud. Néanmoins,Eric Poullain pense que les contraintes sanitaires et le climat d'incertitude dus au H5N1 vont conduire un certain nombre de producteurs non spécialisés à lâcher prise.