Krach : une opportunité pour les IAA ?
En clôturant en baisse de 6,83% sur une seule séance, le CAC40 a enregistré lundi sa plus mauvaise performance depuis le 11 septembre 2001. Ce recul n'épargne pas les valeurs agroalimentaires, notamment moyennes, et le directeur associé du cabinet d'analyse financière ID MidCaps n'hésite pas à parler d'un krach boursier « assez marqué». Pour autant, « il est surtout urgent de ne rien faire » assure Sébastien Faijean. Danone a perdu 10% depuis le début de l'année, Bonduelle 12% ou Bongrain 27%, mais la situation actuelle serait une opportunité à saisir, compte tenu de niveaux de valorisation (calculés sur les cours boursiers) qui atteignent des valeurs historiquement basses pour de nombreuses sociétés.
Brossard, dont le titre a perdu 40% de sa valeur depuis le début de l'année (dont 25 lundi), fait presque figure d'affaire. LDC, qui possède du cash, une forte structure financière et une marge stable, est également de nature à attirer les regards. D'autant que Sébastien Faijean, en contact avec de nombreux dirigeants, constate que « dans l'économie réelle, on ne ressent pas de ralentissement de l'activité. Les premières publications de résultats en 2008 pourraient donner lela ». La chute des bourses a un autre effet moins visible, mais intéressant s'il se poursuit : elle calme les ardeurs des spéculateurs sur les matières premières. Les prix du soja, du sucre ou du blé accusent des reculs de 3% à 4%. Les contrats maïs à échéance mars ont perdu 4%, la plus grosse baisse depuis octobre.
Ces corrections pourraient permettre aux industriels de disposer d'une petite marge de manœuvre sur le poste des matières premières, assez chahuté dernièrement. « Cela assainit le mouvement » estime Sébastien Faijean, qui déplore toutefois les mauvaises surprises qui se succèdent, après la crise du crédit (subprimes). « On a l'impression qu'à chaque fois que l'on tire sur la pelote, on découvre de nouveaux problèmes ». L’alimentaire fait cependant office de valeur-refuge, avec une demande mondiale en hausse constante et des fondamentaux plutôt bons pour les entreprises du secteur.Toutes ces valeurs défensives pourraient tirer leur épingle du jeu « et 2008 peut être une année intéressante » assure le directeur associé d'ID MidCaps, compte tenu des ratios de valorisation très bas.
Comme à leur habitude, les maisons de champagne peuvent regarder toutes ces turbulences de haut, avec des clients constamment à la recherche d'un produit dont les volumes sont, par nature, limités. Vranken, qui n'a perdu que 13% de valorisation (contre 20% en moyenne pour les petites et moyennes valeurs) « affiche une performance remarquable », tandis que Laurent Perrier, qui se désengage de l'entrée de gamme, voit ses marges progresser. Si le spectre d'une récession aux Etats-Unis (à l'origine de ce lundi noir boursier) se confirmait, l'agroalimentaire devrait mieux encaisser le coup. Logiquement.