« Je m'appelle Marcel ! », une biographie de Marcel Bruel

Un fort parfum de nostalgie émane du livre consacré à Marcel Bruel par notre confrère et ancien collaborateur François Landrieu. D’abord parce que le souvenir de l’ancien président de la FNB et d’Interbev, décédé en novembre dernier, est encore vivace dans l’esprit des responsables professionnels actuels de l’élevage et de la viande, qui l’ont pour la plupart fréquenté. Ensuite parce qu’avec sa mort, qui a succédé de peu à celle du breton Alexis Gourvennec, c’est incontestablement une des pages les plus héroïques du syndicalisme agricole français qui se tourne, celle qui a vu se bâtir les principales institutions publiques et interprofessionnelles d’aujourd'hui. Nostalgie il y a enfin, précisément parce que le grand projet de Marcel Bruel, celui d’un office des viandes, calqué sur celui des céréales, est aujourd’hui en passe de disparaître, ou tout du moins de se fondre dans une institution d’un autre type. Le livre de François Landrieu passionnera donc tous ceux qui ont vécu cette époque. Elle leur fera revivre les grandes heures du militant et stratège de la manif' Marcel Bruel : le rassemblement de Rodez de septembre 1957 où sa voix l’emporte sur celle du papetier de Saint-Céré, Pierre Poujade ; la création par la force de la coopérative laitière CALA en réaction à l’hégémonie des Caves de Roquefort ; la constitution de la Sica Centre-Sud ; la création de l’Office des viandes puis celle d’interbev et du CIV, auquel il restera toujours attaché ; enfin l’organisation du Congrès mondial de la viande, en 1988. Pour tous ceux qui ont peu ou pas connu l’ancien secrétaire général de la FNSEA, le représentant de la tendance sociale de la rue de la Baume, ce livre constitue une excellente introduction à l’histoire du syndicalisme et de la politique agricole de la deuxième moitié du vingtième siècle.

Un récit juste, écrit par un témoin direct à la plume alerte, mais aussi moins partisan que la Forteresse agricole de Gilles Luneau, parue en 2004. Merci François.