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Isigny Sainte Mère : «Nous visons les 250millions de litres en 2020»


> Daniel Delahaye, directeur général du groupe coopératif Isigny Sainte Mère.
La coopérative vient d'achever la construction d'une nouvelle usine de production de poudres infantiles. Daniel Delahaye, directeur général d'Isigny Sainte Mère, revient pour Les Marchés Hebdo sur une année 2014 riche en évènements et présente les perspectives pour la coopérative. Les Marchés Hebdo : Quel bilan faites-vous de l'année 2014 ?

Daniel Delahaye : L'année 2014 a été riche en évènements pour l'entreprise Isigny Sainte Mère. Nous avons concrétisé nos partenariats, avec la création de la nouvelle usine. Au niveau financier, cela a été une bonne année. Nous avons réalisé un chiffre d'affaires de 288 millions d'euros, en progression de 10 % par rapport à 2013, malgré des contraintes fortes du marché. Pour l'ensemble des produits sous marque, que sont les beurres, crèmes et fromages, le ” marché a été porteur, que ce soit sur la France ou à l'export. Pour les produits de régulation du marché, que sont les poudres, il s'est bien tenu sur le premier semestre 2014, ce qui a permis de maintenir un prix du lait élevé, mais en revanche, dès le début du second semestre 2014, nous avons vu un fléchissement des cours. Ils se sont orientés rapidement à la baisse pour arriver à des niveaux très bas en fin d'année. En cause, l'embargo russe et une demande mondiale particulièrement élevée au premier semestre, notamment sur la Chine, où des stocks importants ont été réalisés. Ce qui a conduit à une demande mondiale moindre sur le second semestre, alors que la production laitière était élevée.

Nous avons désormais une capacité de 50 000 tonnes

LMH : Pourriez-vous nous en dire plus sur cette nouvelle usine ?

D. D. : Il s'agit de deux tours de séchage, d'une capacité supérieure aux trois autres tours que nous possédions déjà et qui jouxtent l'ancienne usine, sur des terrains d'Isigny-sur-Mer (Calvados) que nous avions acquis précédemment. Nous avions une capacité de 20 000 tonnes. Avec les 30000tonnes additionnelles de ces nouvelles tours, nous avons désormais une capacité de 50 000 tonnes. Déployées, cela représente une surface de 20 000 m2 . Nos outils existants étaient arrivés à saturation, nous vou-D > pé lions donc créer une nouvelle unité pour pouvoir doubler nos volumes à l'horizon 2018. Nous avons commencé à réfléchir sérieusement au projet début 2012 et commencé les travaux en juillet 2013. Ils ont duré 18 mois. Le nouvel outil a été achevé au début de l'année. Cela a représenté un investissement de 65millions d'euros, financé à hauteur de 20 millions d'euros par le Chinois Biostime, qui développe et commercialise des produits de nutrition infantile. Nous avons déjà embauché quatre-vingts personnes, qui sont actuellement en formation sur place, dans l'ancienne unité. Et nous allons en embaucher une vingtaine d'autres cette année.

UNE RELATION «WIN-WIN» AVEC LE CHINOIS BIOSTIME

En juillet 2013, Biostime est entré au capital de la coopérative Isigny Sainte Mère, comme associé non-coopérateur. « On peut faire entrer un tiers dans la mesure où il vient conforter l'objet social de la coopérative. Dans notre cas, Biostime a souscrit un contrat commercial de quinze ans », explique Daniel Delahaye, DG d'Isigny Sainte Mère. La société chinoise compte également un administrateur. «Nous faisons les conseils d'administration par visioconférence », ajoute Daniel Delahaye. « Nous sommes très modernes. » La coopérative trouve aussi des avantages dans ce partenariat pour motiver ses producteurs. Elle a organisé un concours pour récompenser les étables les plus performantes qualitativement. Les dix gagnants partent à la fin du mois visiter la Chine, à l'invitation de Biostime. « Il faut que ce soit win-win », conclut Daniel Delahaye. « Pour que ça marche, il faut grandir ensemble. »

LMH : En quoi consiste ce partenariat avec Biostime ?

D. D. : Biostime, qui était demandeur de volumes additionnels, nous a prêté 20 millions d'euros, remboursables dans le temps. Nous sommes donc propriétaires de la nouvelle usine. Nous nous sommes également engagés à leur fournir 25 % du total de notre production de lait infantile, pendant quinze ans. Biostime est entré au capital d'Isigny Sainte Mère comme associé non-coopérateur. C'est un contrat de cinq ans renouvelable tacitement, comme pour les producteurs.

LMH : Avec la fin des quotas laitiers et cette nouvelle usine, vos éleveurs sont-ils dans une dynamique d'augmentation de leur production ?

D. D. : Depuis l'année dernière, nous offrons à nos éleveurs-partenaires la possibilité de-produire plus, en leur garantissant le prix plein jusqu'à 120 % de leur référence. Les volumes additionnels sont payés sur la base du beurre. Nous avons fait une enquête au préalable pour savoir si nos éleveurs étaient intéressés pour produire plus. Ils nous ont répondu qu'ils pensaient produire jusqu'à 20 % de plus. L'année dernière, sur 480 fermes, 250 ont fait moins que leur référence, soit 52 %, 160 ont produit la même quantité, soit un tiers des éleveurs et 15 % ont produit 20 % de plus. Nous avons donc collecté 209 millions de litres de lait en 2014, dont 5 % en bio. La collecte de lait a augmenté de 9 % par rapport à 2013. Nous visons les 250 millions de litres en 2020.

LMH : Comment se répartissent vos activités?

D. D. : Notre chiffre d'affaires se répartit de la manière suivante : 54 % provient des ventes de poudres de lait (infantile et spécialisée), 21 % des fromages, 14 % du beurre et 11 % de la crème. Nous produisons également pour des marques de distributeurs, plutôt haut de gamme. Cela représente 17-18% de nos produits de grande consommation.

LMH : Quelle est la place de l'exportation dans votre production ?

D. D. : En 2014, 49 % de notre chiffre d'affaires total provenait de l'export, soit 142 millions d'euros. Globalement, un tiers pour l'Europe, un tiers pour l'Asie et un tiers pour le Moyen-Orient et l'Amérique du Nord. Nous exportons dans quarante pays. Sur le marché chinois, nous vendons surtout du lait infantile et un peu de beurre. En Amérique du Nord, ce sont plutôt les fromages et le beurre qui s'exportent bien.

LMH : Avez-vous souffert de l'embargo russe?

D. D. : Oui. Même si nous ne vendions pas directement en Russie. Il y a eu un afflux de lait sur le marché. Les Hollandais ou les Allemands exportaient beaucoup en Russie, et nous avons ressenti l'onde de choc sur nos prix.

LMH : Quels sont vos projets pour l'année 2015 ?

D. D. : L'année 2015 va être difficile pour le monde agricole en général et particulièrement le monde lai-tier, après une année 2014 assez exceptionnelle. Mais, avec la création de cette nouvelle usine, nous voulons développer la collecte, trouver de nouveaux marchés et faire tourner nos outils de pro-duction. Nous avons aussi un nou-veau président, Arnaud Fossey, depuis le 17 avril. Il prend la suite de Jean Schmit qui part en retraite (voir LMH du 30 avril). C'est un changement dans la continuité, l'entreprise évolue dans l'esprit d'Isigny en respectant ses valeurs coopératives et son attachement à ses producteurs de lait.

2015 va être difficile pour le monde laitier, après une année 2014 assez exceptionnelle

LMH : Des rumeurs circulent sur la présence du président de la République François Hollande lors de l'inauguration de votre nouvelle usine, le 22 mai. Vous confirmez ?

D. D. : Non. La date de l'inauguration n'est pas encore fixée, mais sera connue prochainement. Nous avons invité le Premier ministre, mais pour l'instant nous ne savons pas s'il viendra.

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