Interprofession
Les allégements fiscaux promis cette semaine au Space de Rennes par Dominique de Villepin aux agriculteurs ont quelque peu occulté quelques orientations importantes fixées par le Premier ministre. Une fois n'est pas coutume, le discours était marqué de la volonté de projeter le débat au-delà des échéances immédiates. Dominique de Villepin a souhaité « développer d'ores et déjà une stratégie d'initiative qui s'inscrit pour l'après 2013 », soit au-delà de l'engagement financier de l'Europe sur la Pac afin de proposer « des perspectives » aux agriculteurs. En un mot, lancer dès aujourd'hui la réflexion sur l'avenir de l'agriculture française dans un monde plus ouvert et offrant moins de soutiens publics. Le Premier ministre a d'ores et déjà soufflé deux idées au ministre de l'Agriculture, auquel il a commandé un mémorandum sur le sujet : réinscrire au cœur de la Pac la « préférence européenne » (un mot pourtant banni depuis longtemps du vocabulaire européen) et « remettre en place des outils de gestion des crises et des dispositifs d'assurance performants». Pour renforcer l'organisation économique du monde agricole, Dominique de Villepin sait comment faire : il faudra étendre les missions des interprofessions « afin de leur permettre d'intervenir dans la gestion des crises conjoncturelles ou encore de trouver de nouveaux débouchés», un dispositif prévu en germe dans le texte de la LOA. Il lui reste à convaincre la Commission européenne, a-t-il reconnu, que la « solidarité interprofessionnelle» ne porte pas atteinte à la concurrence. Et d'abord, ajoutera-t-on, à convaincre les interprofessions françaises, qui sont loin d'être convaincues que leur rôle soit de gérer les marchés.