Interdire les vacances ?
« Elevages : une catastrophe écologique ». L’article consacré par Le Point de la semaine dernière (22/6) à l’élevage ne faisait pas dans la nuance, c’est le moins qu’on puisse dire. L’attaque résume le tout : « Catastrophe ! Le monde mange de plus en plus de viande. L’élevage émet des fleuves de polluants, fait disparaître des millions d’hectares de biodiversité, abrite des virus mortels et, surtout, accélère dangereusement la fièvre terrestre. » Pour affirmer tout cela, le journal s’appuie notamment sur les recherches effectuées pour le compte de l’Ademe par un expert en climatologie, Jean-Marc Jancovici. Ce savant, qui sait faire parler de lui – et pas seulement dans Le Point– a calculé que les dépenses en énergie nécessaires à l’élevage (chauffage, nourriture, transport, découpe de la viande, chaîne du froid, etc.) équivalaient à des milliers de kilomètres en automobile. Un kilo de viande de veau correspondrait à 180 kilomètres, l’agneau de lait à 180, le bœuf à 70, le porc à 30. Forcément, ce sont des chiffres qui frappent l’opinion. L’inconvénient, c’est que l’on peut se livrer au même genre de calcul avec à peu près n’importe quelle activité humaine autrement moins indispensable que celle qui consiste à nourrir le monde.
A commencer par le tourisme de masse, qui va envoyer cet été des millions d’occidentaux sur les routes, inconscients du préjudice qu’ils vont causer à leur environnement. A propos, on aurait aimé que Le Point, à la veille d’une éventuelle relance des négociations OMC, calcule plutôt la distance que devront parcourir les viandes bovines venues des pays-tiers pour approvisionner l’Europe. On l’aide un peu : en moyenne, 42 jours pour l’Australie, 25-30 pour la Nouvelle-Zélande, 24 pour l’Argentine et 20 pour le Brésil.