Instable mondialisation
La mondialisation heureuse n’est pas encore pour demain. Les employés de la coopérative laitière danoise Arla Foods en font l’amère expérience. Une centaine d’entre eux va être licenciée en raison des appels au boycott des produits danois qui se sont répandus dans les pays arabes. Pour le groupe laitier, c’est un coup dur. Il aurait perdu « 1,3 millions d’euros par jour » depuis l’arrêt complet des exportations de lait en poudre, de beurre et de fromage vers les pays arabes, qui pèsent de 6% à 8% de son chiffre d’affaires. Les concurrents français d’Arla Foods n’ont pas de raison de se réjouir. La France aussi est regardée d’un mauvais œil dans cette partie du monde depuis que les caricatures publiées au Danemark ont été reproduites dans des journaux français. D’ici à ce que notre Vache qui ritnationale et notre cher camembert Présidentfassent l’objet de la même opprobre que la feta danoise, il n’y a qu’un pas. Or les groupes laitiers français ont précisément misé sur le développement de la production et de la consommation dans les pays du Golfe, du Maghreb ou en Turquie. Bel, présent en Algérie, au Maroc et en Egypte, a mis en service en 2005 un site de production à Damas (Syrie) et va s’implanter en Turquie en 2006. En décembre dernier, Lactalis a acheté une deuxième usine de fromage fondu en Egypte (marque Teama), qui détient 60% du marché local. Enfin, Bongrain possède aussi des sites en Egypte et au Maroc. Bien sûr, les campagnes de boycott s’épuisent assez vite, en général. Mais la surenchère que l’on constate ces dernières semaines entre gouvernements des pays arabes laisse présager des jours difficiles pour les intérêts occidentaux dans ces pays.