Inquiétudes sanitaires et logistiques

Période du 18 au 24 mai. Lors du récent conseil céréales de FranceAgriMer, les risques de développement des maladies (rouille, septorioses...) consécutifs aux mauvaises conditions météorologiques avaient été évoqués sans que l'on puisse en juger les éventuelles conséquences sur les cultures. À la date du 16 mai, Céré'Obs notait en léger retrait les cultures de blé « bonnes à excellentes » à 86 % versus 87 % la semaine précédente et celles d'orge, à 84 %, contre 85 %. Ces mauvaises conditions persistent et commencent à intervenir dans les spéculations de prix.
Au plan européen, Mars, l'observatoire des cultures de l'Union européenne, maintient son estimation moyenne du rendement blé tendre, à 61,1 quintaux (qx) par hectare, celle d'orge est augmentée d'un demi-quintal par rapport au mois dernier, à 49,9 qx et celle de maïs portée de 70,1 à 73,1 qx. Le mois de juin sera capital pour l'évolution quantitative et qualitative des cultures. Un autre problème, beaucoup plus actuel, inquiète la filière fran-çaise. Il s'agit des problèmes logistiques causés par les mouvements sociaux (grèves et blocage des raffineries, grèves des transporteurs routiers et craintes que cette situation ne se dégrade encore). Alors que les chargements dans les ports se poursuivent à une cadence particulièrement élevée à destination des pays tiers, pour le blé, mais aussi pour l'orge et même le maïs, l'approche des silos portuaires est menacée par ces mouvements sociaux.
C'est d'autant regrettable que cette bonne activité d'exportation, constituant un allègement des lourds stocks, est actuellement favorisée par la compétitivité du blé français, avec un euro à 1,12 dollar et la proximité des acheteurs magrébins à la recherche d'approvisionnements extérieurs pour compenser un énorme déficit de récolte.
Nouvel appel d'offres du MarocLe Maroc vient de lancer un nouvel appel d'offres pour la livraison de 130 000 tonnes de blé tendre et, l'Algérie, pour 50 000 tonnes de blé dur. Les prix de ces deux céréales font preuve de fermeté, tout comme le maïs qui bénéficie toujours des débouchés communautaires laissés vacants par l'Ukraine, de l'intérêt inattendu des acheteurs plus exotiques et, sur Euronext, du soutien de Chicago alors que le blé y a été pénalisé par les prises de bénéfices. Globalement, la grosse animation de l'export, illustrée par l'importance des tirages de certificats (920 000 tonnes de certificats de blé, la semaine dernière), justifie la meilleure tenue des cours physiques à cinq semaines de la fin de campagne. Pierre Gautron