Influenza : le confinement généralisé est envisagé
Avec 130 000 contrôles frontaliers réalisés depuis que l'alerte sur l'influenza aviaire a été donnée, 12 000 vétérinaires veillant sur l'élevage, 58 départements sous prévention renforcée et un département sur deux où se déroulera un exercice opérationnel, la stratégie française de lutte contre l'influenza aviaire « fondée sur la surveillance et la détection » n'a pas levé de questions sur son efficacité lorsque le ministre de l'Agriculture l'a présentée mercredi soir à la Mission parlementaire d'information sur la grippe aviaire présidée par Jean-Pierre Le Guen.
Les députés présents au Palais Bourbon se sont au contraire fait l'écho des inquiétudes suscitées dans le monde de l'aviculture par les durcissements successifs des mesures de prévention : confinement des élevages en plein air dans 26 puis 58 départements, interdiction des marchés et autres rassemblements de volailles vivantes, dont ceux du prochain salon de l'Agriculture à Paris. « Va-t-on continuer longtemps ? », a demandé le rapporteur Jean-Pierre Door. Les questions sur ce thème ont fusé. Pourquoi les volailles label sont celles dont la consommation est la plus affectée ? Travaille-t-on sur l'hypothèse d'une menace durable (ce dont la mission est persuadée) ? Les marchés de volailles vivantes reprendront-ils ? Ne peut-on vacciner plutôt que confiner ?
Il est vrai que « nous sommes allés très loin dans le principe de précaution», a admis le ministre, rappelant toutefois l'injonction faite aux préfets d'appliquer les mesures « avec intelligence » et « au cas par cas ». Il a assuré que la mesure du confinement « prise par le Premier ministre et le gouvernement» était « à tout moment révisable » sur avis de l'Afssa (laquelle n'a pas conseillé l'enfermement NDLR). Ainsi, en cas d'apparition du virus en France, un « confinement général » est envisageable, a révélé Dominique Bussereau. Il pourrait être associé à la vaccination des volailles qui ne peuvent être enfermées.
Le ministre a présenté une stratégie de vaccination assez précise (bien qu'elle reste pour l'heure hypothétique) : 20 millions de doses ont été achetées, a-t-il révélé ; de quoi vacciner d'abord les canards restés en plein air. 80 millions de doses supplémentaires pourraient être mobilisées à tout moment afin de traiter les autres espèces n'ayant pu être enfermées. Il a émis une réserve : la vaccination masque la présence du virus et peut avoir un impact énorme sur l'export ; on ne peut donc l'employer qu'en cas de « menace grave ».
L'expérience attendue du printemps
Dans la perspective d'une menace persistante, le ministère a retenu « l'excellente suggestion » de Genneviève Gaillard, vétérinaire et députée des Deux-Sèvres, d'établir des prévisions pour les prochaines années, tant sur le plan vétérinaire qu'économique. A ce titre, il attend un éclairage de l'étude du retour d'Afrique des oiseaux migrateurs. Par ailleurs, l'Afssa pourrait être la pièce maîtresse du dispositif de prévision vétérinaire, a-t-il avancé.
En revanche, le ministre a repoussé les scénarios alarmistes impliquant une réduction du nombre de bâtiments d'élevage. Il répondait là à l'idée avancée par un député de la Mayenne, Yannick Favennec, de généraliser l'enfermement des volailles une fois pour toute, afin de prévenir une nouvelle chute de consommation, et de réduire la voilure. Contrairement au Synalaf (syndicat national des volailles Label et biologiques), Dominique Bussereau considère que l'élevage en plein air est actuellement préjudiciable à la consommation des volailles Label parce que le public, qui les voit à la télévision, sait qu'elles sont les plus exposées au risque de contagion.
Enfin, s'agissant des volailles vivantes démarrées dont la vente sur les marchés a été suspendue, le député de Meurthe-et-Moselle François Guillaume, a demandé si les éleveurs pouvaient espérer une reprise des marchés aux oiseaux vivants, et commencer à en élever pour la sortie d'hiver. Il s'est vu répondre, très laconiquement, que la faisabilité de cet assouplissement serait étudiée.