Indépendance
Il ne faut pas s’y tromper. L’enjeu des débats actuels autour de la Pac et de la libéralisation des marchés mondiaux est bien celui de l’autonomie agricole et alimentaire de l’Europe en général et de la France en particulier. Quoi qu’on pense du président de la République, Jacques Chirac a eu raison, il y a quelques jours, d’affirmer que la politique agricole « est un enjeu stratégique pour l'avenir» et un élément déterminant de la puissance collective de l’Europe. Et Tony Blair a tort, s’il veut entraîner l’Europe dans une dépendance agricole plus grande à l’égard des produits importés. Or l’agriculture européenne et singulièrement française est dangereusement orientée dans cette pente. En effet, comment un travailleur français peut-il projeter son avenir dans une profession dont le revenu a chuté, selon les statistiques officielles, de 1,6% en 2004, et de 16% depuis 1998, selon l’APCA ? Une étude de l’INRA-Etic Toulouse sur les trajectoires d’installation et leur pérennité dans les années 1990 Michel Blanc ; Inra département de Sciences sociales, Etic Toulouse ; Agreste Cahiers ; Juin 2005 montre d’ailleurs que l’activité agricole recrute toujours très peu hors de la stricte tradition familiale. Or, sans une agriculture puissante et qui attire les entrepreneurs, l’industrie alimentaire est elle aussi condamnée à terme à la faiblesse. Le recul de l’excédent agroalimentaire français depuis le début de l’année devrait résonner auprès des dirigeants de l’agriculture comme un signal inquiétant. A Gleneagle pour le G8 cette semaine, comme à Hong-Kong à la fin de l’année pour l’OMC, c’est un peu de son indépendance alimentaire que l’Europe jouera.