« Il ne faut pas se fermer la voie des OGM »
C'est une « bibliothèque » unique en France, le Centre national de ressources génomiques végétales (CNRGV), qui a été inaugurée, vendredi dernier, sur le site Inra de Toulouse, en présence de Marion Guillou, la p-dg de l'institut. Son rôle est non seulement de centraliser les ressources génomiques d'intérêt, mais aussi d'en diffuser des copies aux laboratoires publics et privés. « Le CNRGV s'intéresse aux plantes cultivées comme le blé, le colza, la tomate, le piment, le tournesol, la vigne, le melon…, confie Hélène Bergès, directrice du centre. Nous conservons plus de 5 millions d'échantillons d'ADN végétaux et possédons des collections uniques au monde, notamment sur le blé, pour lequel nous sommes un centre de référence international. »
Aux côtés du CNRGV, une plateforme génomique met à la disposition des équipes de recherche publiques et privées du matériel de pointe dans le domaine du génotypage et du séquençage. « Depuis l'installation dans nos locaux, en décembre 2006, nous accueillons en moyenne seize laboratoires par mois, qui travaillent aussi bien sur les végétaux que sur les animaux », indique Denis Milan, responsable de la plateforme.
Deuxième organisme de recherche au monde
« L'Inra, deuxième organisme de recherche agronomique à l'échelle mondiale Ce classement se définit en fonction du nombre de publications scientifiques de chaque pays. Le classement actuel porte sur 1995-2005., décline à Toulouse, ses priorités scientifiques : l'étude des génomes végétaux et animaux, l'amélioration des productions et la transformation des produits agricoles, souligne Marion Guillou. Il soutiendra le développement du CNRGV, pour rendre possible son rayonnement international, notamment en augmentant le nombre des collections hébergées provenant de l'ensemble de la communauté scientifique (INRA, CIRAD, CNRS, IRD, universités, laboratoires privés). »
Marion Guillou met également l'accent sur « les défis de demain », qui viseront à produire « au moins deux fois plus » pour nourrir une population planétaire qui augmentera de 50 % dans les prochaines décennies, tout en respectant les exigences écologiques et la sécurité sanitaire. « A ce propos, il serait présomptueux pour notre pays de se fermer la voie des OGM, poursuit-elle. A l'Inra, nous ne nous l'interdisons pas si, au cours de recherches contre une maladie, par exemple, toutes les autres voies non OGM ont échoué. Je suis également pour les essais en plein champ, qui ne peuvent pas être remplacés par un travail en laboratoire ou en serre. L'Inra en réalise deux aujourd'hui : à Colmar, sur la vigne (virus du court noué) et à Orléans, sur les peupliers, pressentis pour fabriquer des biocarburants de 2 e génération » . Enfin, la p-dg de l'Inra a précisé qu'elle était « contre un moratoire sur les OGM ». « Un moratoire se met en place contre quelque chose, il faut qu'une question précise soit posée. Ici, il n'y en a pas. Si on ne peut pas répondre, on aboutit à un blocage de principe. »