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« Il faut réduire les points d’entrée des marchandises dans l’UE»

Claude Saunier est l’auteur d’un rapport sur les « apports de la science et de la technologie à la qualité et à la sûreté des aliments». Il pointe les lacunes du dispositif de contrôle des aliments dans l’Europe à 25. 

LM : Quelles sont les principales sources de risques alimentaires ?

C. S. : La mondialisation a pour conséquence les délocalisations de la production de matières premières agricoles et des premières transformations qui se traduit aussi par une délocalisation des premiers contrôles. Dans certains cas, les risques qu’impliquent les consommations intermédiaires sont identifiés et contrôlés. Par exemple, l’Union européenne surveille les importations de volaille, notamment en provenance de Thaïlande et du Brésil où ont été décelés dans des lots — chacun de plusieurs tonnes- près de 50 contrôles positifs aux antibiotiques entre novembre 2002 et septembre 2003. Dans d’autres cas, le contrôle est conféré en première analyse aux autorités locales et il en résulte une montée potentielle des risques comme l’illustre l’affaire du Soudan, ce piment indien importé en France en 2003 qui ne contenait pas son colorant naturel mais un colorant employé dans l’industrie des peintures.

LM : Quel est le dispositif européen mis en place pour parer à ces risques ?

C. S. : La philosophie des contrôles en Europe est très différente de celle de l’administration américaine car elle est principalement conçue pour faciliter les flux commerciaux. Alors qu’il existe 20 points d’entrée de nourriture aux Etats-Unis, on en dénombre 286 en Europe, auxquels il faut ajouter les 50 qui sont situés dans les nouveaux Etats membres. Je pense qu’il faut s’inspirer des moyens américains et réduire considérablement ce nombre. Le contrôle à l’entrée de l’UE repose sur trois composantes, l’agrément des pays exportateurs par l’Union, les inspections de l’Office européen alimentaire et vétérinaire dans les laboratoires de contrôle des pays agréés, et enfin le contrôle documentaire des produits aux frontières. En cas d’alerte communautaire, des contrôles renforcés sur certains produits sont effectués, comme dans le cas de la présence de résidus d’antibiotiques dans la volaille.

LM : Ce dispositif est-il suffisant dans une Europe qui compte désormais 10 nouveaux membres ?

C. S. : Absolument pas. En premier lieu parce que l’Office alimentaire et vétérinaire de Dublin ne dispose que de 96 inspecteurs. Ensuite parce qu’en 2002, sur 186 inspections, 57 % ont été effectuées dans les Etats membres, 27 % chez les nouveaux adhérents et 16 % dans les pays tiers. Or l’industrie agroalimentaire dans les pays de l’Est ne répond pas encore aux exigences des normes européennes. La preuve en est que 500 entreprises polonaises ont récemment été épinglées et doivent observer un moratoire de 2 ou 3 ans avant de commercialiser leurs produits hors de leurs frontières. C’est un délai me semble très insuffisant, d’autant que l’on peut légitimement s’interroger sur la réalité et la fiabilité des contrôles aux frontières entre les nouveaux membres et les ex-pays de la CEI. L’Office de Dublin, qui a inspecté en 2002 les installations de contrôle des importations aux frontières des pays entrants, a estimé qu’elles ne pouvaient assurer un niveau comparable à celui des Etats membres. Et ce dernier n’est probablement pas satisfaisant ! Le port de Rotterdam, par lequel transitent chaque année 45 000 conteneurs de 20 à 30 tonnes, ne contrôle en laboratoire que 300 lots. L’examen type porte essentiellement sur les documents d’importation, il dure en moyenne 30 minutes et ne prévoit pas de contrôle des consommations intermédiaires.

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