« Il faut attendre avant de réformer la PAC »
Les Marchés : La Pologne a intégré l’UE il y a un an et demi. Quelles premières conclusions tirez-vous de la pratique de la PAC ?
Jozef Pilarczyk : Dans un premier temps, je dirais que la période qui s’est écoulée a permis à la Pologne de présenter ses arguments à ses partenaires européens, dans la mesure où chacun doit savoir surveiller ses propres intérêts. Mais, il est aussi incontestable que la PAC a eu des effets positifs sur l’agriculture de notre pays. Nous en tirons la conclusion qu’il faut encore attendre quelques années avant de penser à une réforme de la politique agricole commune.
Les Marchés : Seriez-vous alors en faveur d’une temporisation ?
Jozef Pilarczyk : Lorsque nous entendons le Premier ministre britannique, nous ne pouvons qu’être inquiets. Les différences technologiques et organisationnelles entre les pays de l’Union sont encore importantes et pour trouver une harmonisation entre elles, il nous faut disposer de temps. Nous sommes inquiets à l’idée d’un changement de la PAC avant que la Pologne ait pu profiter de tous ses bienfaits. Il nous faut de la stabilité afin de pouvoir réaliser les objectifs, tout spécialement dans la perspective de l’échéance 2013. Je crois que la France se situe dans une optique similaire. Nous pouvons donc nous entendre, n’est ce pas ?
Les Marchés : Comment analyseriez-vous l’impact de la PAC sur les entreprises agricoles polonaises ?
Jozef Pilarczyk : L’accès à l’UE a été un grand défi. L’agriculture polonaise a fait de grands efforts pour réduire son retard technologique en investissant dans l’outil de travail. C’est pourquoi nous avons besoin de calme, ne serait-ce qu’en terme de remboursement des crédits. D’autre part, il faut aussi souligner que les coûts de production tendent à se normaliser en Pologne, même s’ils restent, en effet, inférieurs à ceux de l’Europe occidentale. La différence se réduit rapidement et l’agriculture polonaise connaît, comme ses consoeurs européennes, l’impact de l’augmentation des prix sur les produits phytosanitaires ou sur le pétrole. Néanmoins dans le domaine du traitement laitier et des viandes, nous sommes en « état de marche » européen. Les barrières n’existent plus et nous ne devons pas avoir honte de nos performances.