« Il faut aller plus loin dans la contractualisation »
Les Marchés : Suite aux arbitrages Conseil supérieur d’orientation du bilan de santé de la PAC, les céréaliers se disent mécontents, les éleveurs déçus. Quelle est votre opinion ?
William Villeneuve :Je comprends les céréaliers, qui subissent un prélèvement de leurs aides. Je comprends moins les éleveurs qui conservent la prime à l’herbe, la compensation de handicap et le DPU (droit à paiement unique) des élevages à l’herbe dans le cadre du premier pilier. Ce qui fait que l’herbe devient un outil de production. On aurait bien aimé une orientation plus forte en faveur des protéines végétales dont l’élevage a besoin. Il faut aller plus loin dans la contractualisation. C’est indispensable à la stabilisation des marchés, aux bons rapports entre les filières végétales et animales, et nécessaire à la quête de valeur ajoutée, comme pour les broutards envoyés en Italie qui nous reviennent en France sous forme de steak haché.
LM : Les orientations prises sont-elles de nature à entraîner des agrandissements d’exploitations, des spécialisations ; sont-elles plus favorables à l’installation des jeunes ; certaines régions en sortiront-elles renforcées ?
W. V. : Si l’on avait fait converger l’aide à l’hectare vers un DPU moyen unique, on aurait été directement vers l’agrandissement et la spécialisation. C’était une politique anti-installation. Le choix fait n’empêchera pas la poursuite de l’agrandissement. On minimisera néanmoins cette tendance grâce à une meilleure dotation sur les premiers hectares. Globalement, le bilan de santé sauve le maintien des hommes sur les territoires. La diversité, c’est pour nous la première assurance-risques en agriculture, une garantie contre les risques naturels et économiques. Pour les céréaliers, il importe de déterminer quelle suite on donne à l’assurance-récolte.
Mais le DPU n’est pas une fin en soi. Si les territoires les plus fragiles sont soutenus, les régions qui s’en sortiront le mieux, en termes d’exploitations viables, seront celles qui développeront de la valeur économique. C’est une question de contrats, de répartition des marges et d’organisation de filières.
LM : Quels arbitrages supplémentaires importe-t-il de rendre selon vous ?
W. V. : Il reste à établir les cahiers des charges des mesures à venir et les montants des aides. Gare au risque de saupoudrage. JA souhaite de la contractualisation, au nom de l’interdépendance entre filières. On ne peut pas demander aux céréaliers d’être solidaires avec les éleveurs sans leur garantir de consommer leurs productions sur le territoire.