Huîtres : une campagne de promotion pour rectifier le tir
Une intoxication médicamenteuse. C’est la cause probable du second décès suspect qui a agité le bassin d’Arcachon au début de l’automne. L’affaire n’est pas encore formellement « classée » par la justice, mais les conchyliculteurs ont déjà pris acte des résultats de l’instruction, mettant hors de cause les huîtres du bassin. Au ministère, on préfère attendre une communication du parquet de Bordeaux pour réagir, mais le conseiller technique chargé de la pêche et de la conchyliculture, Michel Peltier, nous confirmait hier matin que ses services avaient déjà largement anticipé la fin de la procédure judiciaire.
La semaine dernière, Dominique Bussereau a réagi positivement à ces informations en espérant une issue favorable aux producteurs d’huîtres et le ministre a annoncé hier qu’une enveloppe de 1,35 million d’euros serait consacrée à une campagne nationale de promotion des huîtres pour les fêtes de fin d’année. Le plan de communication prévoit notamment la mise en place de spots télévisés et la réservation d’encarts publicitaires dans la presse quotidienne régionale, le tout dès le mois de décembre, l’opération devant se poursuivre jusqu’en janvier 2007. En parallèle, 60 000 euros sont attribués aux conchyliculteurs d’Arcachon pour communiquer spécifiquement sur leurs huîtres, une somme à laquelle devrait s’ajouter une subvention du conseil régional d’Aquitaine, selon le ministère de l’Agriculture.
Machine arrière toute !
Car cette affaire laisse un goût amer aux conchyliculteurs français. Après l’interdiction de commercialisation des huîtres à la fin de l’été dernier, due à des contrôles toxicologiques qui s’étaient révélés positifs, la vente était sur le point de reprendre. Quand deux décès suspects ont provoqué une nouvelle psychose. Les deux touristes avaient en effet consommé des huîtres dans les jours précédents leur mort. Sans accuser directement les mollusques, les ministres de l’Agriculture et de la Santé ont alors, dans un communiqué commun, implicitement fait le lien entre les décès et la consommation d’huîtres. Une imprudence qui leur est depuis reprochée par les conchyliculteurs. Pour le premier décès, les huîtres ont rapidement été mises hors de cause mais pour le second, il a fallu attendre deux mois pour connaître les premiers résultats des analyses médico-légales.
Résultat : c’est probablement une intoxication médicamenteuse qui est à l’origine du décès de cet homme de 61 ans. Mais pour les producteurs, le mal est fait et beaucoup craignent pour les fêtes de fin d’année. « Pour l’instant, nos acheteurs jouent le jeu sur les prix comme sur les quantités », explique, rassurant, Ludovic Ducourau, ostréiculteur à Gujan-Mestras, sur le bassin d’Arcachon. « Mais il faut que le consommateur final soit au rendez-vous, ça, on ne sait pas. Ca risque d’être juste pour communiquer avant Noël» s’inquiète-t-il. Plus que la communication ministérielle, c’est surtout la validité des mesures toxicologiques qui pose question. Pour les producteurs et bon nombre d’experts, les tests mis en œuvre pour déterminer la présence dans la chair des mollusques de phycotoxines ne sont pas suffisamment fiables. Dominique Bussereau a récemment annoncé qu’il étudiait la question et souhaitait désormais montrer sa confiance dans des huîtres. Accompagné de députés, il participera mardi 5 décembre à une dégustation d’huîtres française à l’Assemblée Nationale.