Hausse du pain: le prix du blé a bon dos
La peur d'une forte revalorisation des prix du pain a été agitée ces derniers jours, compte tenu de l'augmentation des cours du blé liés à la sécheresse. «Le prix de la baguette pourrait bondir» a ainsi titré le Journal du Dimanche dans sa dernière édition. Pourtant, le blé et donc la farine ne représentent qu'une faible partie des coûts dans la fabrication de la baguette, comme l'ont rappelé plusieurs syndicats agricoles. «Le coût de la matière première blé dans le prix de la baguette est de moins de 4 centimes» insiste l'Association générale des planteurs de blé, qui calcule que sur les bases actuelles de la hausse des cours du blé, la baguette ne devrait augmenter que d'un demi-centime.
«Toute augmentation supérieure serait due à d'autres facteurs» explique l'AGPB, en référence à la hausse annuelle des prix généralement décidée par les boulangers à la rentrée. Elle devrait s'échelonner de 3 à 5% cette année selon le président de la chambre professionnelle des artisans boulangers pâtissiers de Paris. Le prix du blé n'y tient un rôle que secondaire, le moteur principal de cette hausse étant le coût grandissant de l'énergie et des salaires.
«Aucune meunerie n'a encore annoncé de hausse des prix» explique M. Mabille, estimant que la concurrence entre les meuniers peut atténuer ces velléités. Du côté de la Coordination rurale, on fustige le faux procès fait à la profession agricole. La Coordination «reconnaît à nos amis boulangers le droit d'augmenter leurs revenus, mais leur demande d'assumer honnêtement ces hausses de prix, plutôt que de les imputer aux paysans». Nicolas Jaquet, président de l'Organisation des producteurs de grains (OPG) rappelle que lorsque le prix du blé diminue, la baguette ne suit pas le même parcours, «un nouvel exemple de l'absence de lien entre le prix des matières premières et le produit fini». Bien que le régime alimentaire actuel ne fasse plus qu'une petite place au pain, les réactions sont toujours passionnées. Au moins le président de l'Agence française d'information et de communication agricole et rurale Philippe Vasseur voit un signe positif dans ce débat. «La regrettable augmentation du prix du pain rappelle combien l'activité agricole est vitale pour nous tous».