Hausse des matières premières : une opportunité pour Evialis
Sans surprise, Evialis a annoncé hier des performances en baisse pour l'exercice 2006 marqué par l'épisode de la grippe aviaire. Le chiffre d'affaires du spécialiste de la nutrition animale a reculé de 1,6% (637 contre 647 M Eur) et son résultat net consolidé s'est replié de 7,9 à 3,9 M Eur. Pierre Lefebvre, président-directeur général du groupe, explique ces résultats par l'impact de la grippe aviaire en France sur les ventes d'aliments volailles, basse-cour et les prémélanges médicamenteux. Une perte estimée à près de 6 millions d'euros de marge brute. A l'international, les effets de la grippe aviaire -essentiellement sur l'Indonésie, l'Asie et la Roumanie- sont évalués à 1,5 M Eur. « Deux facteurs aggravants ont affecté l'exercice 2006», ajoute Pierre Lefebvre. La météo clémente de l'hiver n'a pas été favorable aux ventes de produits pour ruminants sur le second semestre. Le marché français de l'alimentation des ruminants en 2006 enregistre une croissance de 6,2% mais cette performance aurait pu être bien meilleure sans les caprices du temps. Enfin, les matières premières ont flambé, notamment les céréales. Plusieurs raisons sont avancées : les déficits de production (sécheresse en Australie), les besoins croissants des pays émergents, ou encore la percée des biocarburants.
Ce contexte représente à court terme une difficulté pour le fabricant d'aliments du bétail qui a du mal à répercuter la hausse sur ses prix de vente. « C'est ponctuellement gênant, mais redonne à notre métier un champ d'expansion», estime Pierre Lefebvre. La raréfaction des matères premières devrait pousser les éleveurs à privilégier l'aliment complet à la fabrication à la ferme et accroître les besoins en optimisation de formules, analyse le groupe. Dans cette situation, Evialis, dont le cœur de métier est la nutrition animale, espère tirer son épingle du jeu.
Le rêve américain à portée de main ?
Ce contexte haussier pourrait même lui fournir le moyen de mettre enfin un pied aux Etats-Unis. « Notre conviction, c'est que le marché nord américain va connaître une modification structurelle liée aux bioénergies. La disponibilité des matières premières pour l'alimentation animale se faisant plus difficile, il faudra bien compenser les baisses de quantités par des solutions», explique le p-dg d'Evialis. Outre ce marché très attractif mais encore difficile d'accès, l'industriel cherche activement à se développer à l'international, essentiellement en Asie, en Amérique latine et dans l'ex-bloc soviétique. En 2007, le mouvement s'est amorcé avec le récent rachat de Rossovit (usine de Prémix en Russie) et le redéploiement d'une activité Prémix en Chine avec la construction d'une nouvelle usine d'une capacité de 20 000 t attendue d'ici la fin de l'année. En France, la politique porte plutôt sur la rationnalisation des coûts : simplification des marques, optimisation industrielle, réduction des effectifs.
Pierre Lefebvre l'a réaffirmé hier lors d'une conférence de presse : à horizon 2010, Evialis souhaite ramener la contribution de la France à 50% du chiffre d'affaires du groupe (contre 80% en 2004).