Haro sur une taxation des produits sucrés
Le 21 juillet dernier, Les Échos révélait les conclusions d'un groupe de travail technique de Bercy sur l'instauration d'une taxe sur certaines boissons sucrées et les produits de « grignotage ». Le rapport préconiserait la création d'une taxe additionnelle sur les boissons sucrées (de 6 Eur/l pour les sodas et 2,5 Eur/l pour les nectars) pour un revenu fiscal moyen estimé à 220 M Eur, auxquels s'ajouterait une taxe sur les confiseries, barres chocolatées, biscuits salés et sucrés, chips. Difficile de se faire confirmer ces données par Bercy, d'autant plus que les arbitrages ne doivent pas intervenir avant la rentrée pour une éventuelle insertion dans le projet de loi de finance de la sécurité sociale 2007. Pour autant, la nouvelle n'a pas manqué d'émouvoir les industriels. Dès le 24 juillet, Jean-René Buisson, président de l'association nationale des industries alimentaires (Ania) a écrit à Dominique de Villepin pour lui faire part « de l'opposition totale que manifestent les industriels de l'agroalimentaire, vis-à-vis d'une telle approche ». Le représentant des industriels rappelle au Premier ministre que le secteur fait déjà l'objet d'une taxation sur la publicité des produits alimentaires (certes pas encore effective). Le lancement de la Fondation « Alimentation et vitalité » est également mis en avant pour témoigner de l'attitude « responsable, volontaire et engagée des entreprises alimentaires françaises » sur le dossier de la nutrition. Si ces arguments ne suffisent pas à convaincre le gouvernement, l'Ania ajoute que le réflexe de taxation ne pourrait conduire qu'à décourager les industriels d'investir en France et « provoquerait surtout au moment où [nous] organisons en octobre prochain (ndlr : plus de 1 000 industriels attendus le 10 au Carroussel du Louvre), les premières assises de l'Alimentaire, une mobilisation sans précédent».
De son côté, le président de la FCD se dit opposé à ce que l'on « fasse pour une question de santé publique des prélèvements sur le consommateur, sans véritable justification autre que budgétaire ». « En prenant l'exemple fameux de la taxe d'équarrissage, on voit bien que les taxes courent le risque de se déconnecter de leur destination initiale. Ce qui ne nous plaît pas beaucoup non plus c'est l'analogie induite avec la taxe sur le tabac », ajoute Jérôme Bédier.