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« Halte aux médicaments vétérinaires importés »

Les importations de médicaments vétérinaires sont en recrudescence dans les zones proches de l’Espagne. Gilles Madiot souligne le risque sanitaire engendré par l’automédication dans les élevages.

LM : Quelle est l’ampleur de ce commerce illicite ?

G. M. : Le phénomène est préoccupant dans les Pyrénées-Atlantiques, en particulier au Pays Basque. Selon certains vétérinaires praticiens limitrophes de la frontière espagnole, depuis l’ouverture de supermarchés spécialisés dans ce commerce, les médicaments importés représenteraient plus de 70 % de la consommation dans leur région. D’autres zones sont concernées, dans les Landes, en Gironde. Un vaste réseau, impliquant plus de 500 éleveurs, a aussi été découvert en Bretagne. Les poursuites engagées dans cette affaire ont abouti à un non-lieu (17 mars 2003). Les moteurs de ce genre de trafic sont des prix attractifs et l’automédication facilitée. L’éleveur a la possibilité d’utiliser à sa convenance des médicaments qui ne peuvent être normalement prescrits que par un vétérinaire, puis délivrés par un ayant droit.

LM : Cela présente-t-il un risque pour le consommateur ?

G. M. : L’automédication par les éleveurs pose un problème de santé publique. Elle entraîne une utilisation abusive et anarchique de médicaments sur les animaux, dont les produits (viande, lait, œufs) sont destinés à l’alimentation humaine. Et cela est dangereux pour le consommateur. Pas de traçabilité des médicaments administrés, donc risque de présence dans la chaîne alimentaire de résidus d’antibiotiques, d’anti-inflammatoires, de produits hormonaux interdits en France (mais toujours commercialisés en Espagne). Prenons un exemple. Les antibiotiques utilisés pour soigner les animaux peuvent entraîner des problèmes de résistance aux traitements pour les pathologies humaines, s’ils sont mal administrés, ou des allergies alimentaires graves, si les produits issus de ces animaux sont livrés à la consommation humaine avant l’expiration du temps d’attente, seul garant de l’absence de résidus.

LM : Que faut-il faire ?

G. M. : Depuis de longs mois, les instances professionnelles vétérinaires multiplient les actions auprès des pouvoirs publics. Le ministère de l’Agriculture a promis des interventions au niveau des douanes. Un décret sur l’importation des médicaments vétérinaires vient d’être publié au JO. Cela ne règlera pas tout. On ne fait que déplacer la logique. Il s’agit bien d’une entorse aux dispositions du code de santé publique et non d’un problème de commerce international. L’administration doit communiquer davantage auprès des éleveurs, en les sensibilisant aux risques encourus, aller dans les élevages et réaliser davantage de contrôles, avec une vérification des registres d’élevage, où sont consignés les médicaments administrés. Il en va notamment de la crédibilité des filières labellisées. Les éleveurs sont, dans leur immense majorité, respectueux des bonnes pratiques sanitaires. Ce serait dommage qu’ils fassent les frais des dérives de quelques brebis galeuses.

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