Guerre des prix : Leclerc, la riposte
Leclerc serait-il en train de se faire battre sur son propre terrain ? Carrefour affirmait la semaine dernière se placer en 1ère ou 2e position sur les prix dans chaque zone de chalandise pour ses hypermarchés. L’enseigne affichait dans le même temps une hausse de ses résultats semestriels de 6,2 % en France. « Sur l’alimentaire, nous sommes devenus leaders avec une croissance des volumes de 5,4 % sur les six premiers mois de l’année », déclarait alors José Luis Duran, le président du directoire de Carrefour.
Deux études récentes viennent confirmer une redistribution des cartes au sein de la GMS depuis l’entrée en vigueur de la loi Dutreil. Jeudi dernier, ACNielsen a publié une étude se basant sur de nouveaux modes de calcul des parts de marché portant sur une zone d’influence (qui inclut par exemple le lieu de travail) et non plus seulement de chalandise. Résultat : le quinté de tête à fin mai donne dans l’ordre Carrefour (23,1 % de PDM), Auchan (21,2 %), Leclerc (20,2 %), Intermarché (15,4 %) et Cora (12,7 %) contre, dans l’ordre, Leclerc, Intermarché, Carrefour, Auchan et Champion avec l’ancienne méthode.
Une autre étude, émanant cette fois-ci du cabinet TNS Worldpanel, estime qu’entre janvier et août dernier, Carrefour a gagné 0,5 point de part de marché, Intermarché +0,3 alors que les centres Leclerc ont reculé de 0,4 point. « Les centres Leclerc, qui faisaient la course seuls en tête ces dernières années, commencent à se faire concurrencer sérieusement. [...] Intermarché et Carrefour reviennent dans la course aux meilleures places pour les prix», analyse Loïc Becquart, directeur des relations distribution au cabinet ACNielsen. Leclerc aurait commis l’erreur de supprimer les avantages liés à sa carte fidélité pour les remettre directement dans les prix début 2006, ajoute-t-il, pour expliquer ces résultats.
Publicité comparative et pouvoir d’achat
Deuxième faux-pas : la fermeture de son site internet « comparateur de prix » ordonnée par le tribunal de commerce de Paris pour « publicité comparative illicite » en mai. Depuis, Michel-Edouard Leclerc se montre relativement discret... Plus pour longtemps.
Il devrait en effet sortir de sa réserve avant la fin du mois. Sur son blog www.michel-edouard-leclerc.com/blog, mi-juin, il avait déjà annoncé que puisqu’on l’empêchait de proposer un site comparateur « neutre », il allait s’atteler à effectuer « une publicité comparative de prix ». Toujours sur son blog, il a annoncé hier qu’il publierait le 21 septembre les dernières estimations du pouvoir d’achat effectif des Français, mesuré par le bureau d’information et de prévisions éco-nomiques (BIPE). Avec ces esti-mations déjà peu appréciées par le gouvernement Raffarin, ME Leclerc espère bien faire à nouveau parler de lui.
Provocateur, il rappelle que « Thierry Breton parle d’une perspective d’augmentation de 2,4 % alors que la CFTC parle d’une baisse de 0,5 % » et prévoit déjà « que le querelle sur le pouvoir d’achat va être l’objet d’une âpre surenchère, dans le contexte de rentrée sociale».