Grippe aviaire : le vaccin viendrait trop tard
Quelque 200 spécialistes et fabricants de vaccins, réunis en congrès mondial de lundi à mercredi à Lyon, ont manifesté leur inquiétude concernant les obstacles à la mise au point et à la diffusion rapide d’un éventuel vaccin, face au risque d’une pandémie de grippe aviaire. Le Dr John Wood, du « National institute for biological standards and control » (Royaume-Uni), a pris pour exemple les recherches de son laboratoire, qui consistent à tenter de modifier génétiquement le virus pour le rendre inoffensif. « Nous avons reçu la souche du virus H5N1 qui a tué cette année en Asie du Sud-Est, le 19 janvier. Le 12 février, un vaccin candidat était élaboré. Les tests de sécurité ont été achevés le 8 avril. Soit 80 jours avant de pouvoir seulement commencer à produire un vaccin», a-t-il expliqué.
Inquiétude sur l’équité de la distribution du vaccin
Une fois le vaccin produit en laboratoire, le passage à une fabrication industrielle nécessite encore de longues étapes : tests cliniques pour prouver que le vaccin est efficace sans être pathogène, gestion des questions de propriété intellectuelle et procédures pour l’obtention de licences. « Le virus meurtrier cette année est légèrement différent de celui qui avait frappé en 1997, et si une pandémie éclate, sa souche sera très probablement différente. Il est donc difficile de faire des stocks d’un vaccin qui ne sera pas forcément adéquat », a ajouté M. Wood.
Pour accélérer les procédures pour les licences, le laboratoire envisage de faire agréer un vaccin sans objet, afin de permettre par la suite à un vaccin du même type, élaboré à partir du virus en cause, de brûler les étapes. Une telle démarche a été approuvée par Florence Fuchs, directrice de l’Afssaps à Lyon, qui a évoqué les récentes avancées de l’UE en matière de coordination face à la menace sanitaire. Mais les congressistes n’ont pas partagé son optimisme. Même si un vaccin existait ou était rapidement élaboré, les capacités de production mondiales sont insuffisantes, selon eux, et le risque est grand de voir les pays qui en ont les moyens s’organiser pour vacciner leur propre population avant d’exporter leur production de vaccins.
« Différents partenaires sont engagés, publics et privés. Mais il faudrait une autorité de coordination capable de définir à l’avance la quantité de doses qui devront être produites et de mettre en place les structures qui favoriseraient l’équité de la distribution », a estimé le Dr Bram Palache, du laboratoire Solvay Pharmaceuticals.