Soucieuce de revenir à une agriculture plus proche de ses racines, la famille Morand vient de mettre au point un nouveau concept d’écoferme, parallèlement à son activité historique de recyclage de pneumatiques.
Du recyclage de pneu à l’agriculture, il n’y a qu’un pas ! C’est ce que vient de démontrer la société savoyarde Granulatex, spécialisée dans la valorisation des déchets, en investissant dans sa première écoferme. Il faut dire que la famille Morand, à l’origine de la société, est porteuse d’une longue tradition agricole. « Ce n’est finalement qu’un retour aux sources pour l’entreprise », explique Henri Morand, directeur général de Granulatex.
« Le concept de notre écoferme repose sur la conjugaison d’une production de légumes biologiques et d’énergie solaire », reprend Henri Morand. Le projet est innovant à plusieurs titres. D’une part, la production de légume bio se fait sous serre, ce qui reste un mode de culture rare en France puisqu’environ 95 % des cultures bio sont faites en plein champ et, d’autre part, la production d’énergie solaire permet de financer le projet agricole.
Ainsi, en août 2008, Granulatex a acquis une exploitation abandonnée à Cruas en Ardèche, jaugeant une superficie totale de 10 hectares, dont 6 ha sous serre. L’entreprise a débuté son projet en réhabilitant les sols. « L’ancienne exploitation faisait de la production hors sol sous serre. Nous avons donc dû ôter les films plastiques qui protégeaient le sol et enrichir la terre avec des engrais naturels. La tâche a été longue, mais cela nous a permis de bénéficier immédiatement de la certification AB, sans passer par les années de conversion », note le dirigeant. L’entreprise a ensuite procédé à des tests de production en lumière réduite – en occultant une partie de la toiture pour simuler les panneaux solaires – avec un large spectre de variétés (tomates, petits pois, haricots verts, potirons, radis, salade, courgettes, aubergines…). L’expérimentation a permis de valider la faisabilité du concept et de déterminer un plan de culture décalé dans le temps par rapport à une culture en plein champ. « Les produits bio issus des serres seront vendus à des intervenants locaux, et pourront ainsi se substituer à des produits bio importés par avion ou camion de pays distants », reprend Henri Morand.
Puissance de 1,3 mégawatt
L’écoferme va maintenant se lancer dans la production d’énergie solaire. La première étape consiste à recouvrir les toitures des dépendances agricoles (hangars de stockage de produits et matériels en cours de construction) de panneaux photovoltaïques, soit une superficie totale de 10 000 m2. La construction de la centrale débutera à la fin du mois d’octobre et s’achèvera en mars 2010. La centrale disposera alors d’une puissance de 1,3 MW. L’électricité sera revendue à EDF au prix de 0,60 euro le kW. La deuxième étape du projet consistera à étendre la surface des capteurs solaires en revêtant les toitures des serres.
« À terme, cette écoferme sera un modèle de rentabilité économique grâce à l’association de la centrale solaire avec l’agriculture bio et écologique. Nous espérons pouvoir rapidement développer d’autres écofermes en France », conclut le dirigeant. D’ailleurs, la communauté de commune de Brécey, dans la Manche, a déjà annoncé qu’elle ferait appel à Granulatex pour développer son propre projet. Situé à 30 km du Mont-Saint-Michel et aux limites du Mortainais et de l’Avranchin, le site de 35 ha devrait regrouper une production biologique sous serre, une station d’élevage, une centrale solaire, un centre de formation au développement durable ainsi qu’un gîte rural.