Grandes cultures : le désarroi du Sud-Ouest
Les récentes pluies survenues dans le Sud-Ouest n’ont pas suffi pour lever toutes les interrogations qui se font jour dans les exploitations alors que les semis des cultures de printemps se préparent. Hormis pour le piémont Pyrénéen, largement pourvu en eau depuis l’automne, la sécheresse reste d’actualité au nord d’une ligne Tarbes-Dax et les hésitations sont sensibles à l’heure des commandes de semences. « Ils viennent pour commander des doses de maïs, mais demandent à pouvoir changer pour du tournesol si jamais la situation hydrique ne s’améliorait pas» témoigne un technicien grandes cultures d’une coopérative du sud-ouest. Les réserves de certains bassins versants n’étaient pourvues qu’à 15 % à la mi-février, la moyenne se situant entre 30 et 50 %, tandis que le niveau de la plupart des lacs collinaires individuels n’avait pas bougé depuis l’automne, sauf par pompage en rivière. Le maïs devrait donc connaître un nouveau recul sensible si les précipitations ne se font pas plus généreuses dans les trois prochaines semaines dans le bassin de la Garonne, avec des baisses estimées par les chambres d’agriculture entre 10 et 15 %, voire plus s’il ne pleuvait pas.
Quitte ou double
Les alternatives ne sont pas légion, et si la sole de colza et de blé a augmenté sensiblement cet automne, les mêmes questions restent posées. Pour le tournesol, les perspectives de marché sont déplorables. « Compte tenu des acomptes versés, je vends les graines sans marge depuis le début de l’année » confie un négociant du Lot-et-Garonne. Le recul de la surface de céréales autour de la mer Noire (plus de 30 %) et les dégâts du gel en Ukraine feront probablement la part belle aux tournesols dont les graines viendront maintenir le marché au plus bas durant ces prochains mois. Du coup, on reparle du sorgho, comme à chaque année sèche. Mais là encore, rien n’est figé. Le sorgho nécessite de l’eau, au moins deux tours, et le marché des graines n’est guère structuré ni très actif, si ce n’est vers l’Espagne lorsqu’elle en a besoin. On le voit, aucune solution ne s’impose d’elle-même cette année. Pour les producteurs, c’est un quitte ou double angoissant qui se joue actuellement.