Gaucho : les OPA en appellent au Premier ministre
Vendredi dernier, c’est par une lettre ouverte que six organisations agricoles (AGPM, FOP, FFCAT, AGPB, COOP de France et CGB) ont cherché à interpeller le Premier ministre sur le Gaucho. Ces organisations réunissaient hier les médias, à quelques jours de l’annonce de la décision du ministère concernant la suspension ou non de ce traitement controversé. « Nous avons entamé cette démarche de communication car nous avons du mal à entrer en contact avec le ministre de l’Agriculture», a déploré Christophe Terrain, président de l’AGPM (Association Générale des Producteurs de Maïs). « Nous demandons un arbitrage politique et nous souhaitons que M. Raffarin refasse un tour de table sur la question du Gaucho avec des experts, et non en s’appuyant sur des affirmations polémiques de la part des apiculteurs ». Les représentants des six organisations présentes ont cherché à apporter des éclaircissements sur le dossier Gaucho. Accusé d’entraîner une surmortalité des abeilles, ce traitement des semences pourrait bientôt se voir suspendu, subissant le même sort que le Régent TS en février dernier. Une accusation sans preuve pour M. Terrain, qui pourrait avoir de fâcheuses conséquences. Dominique Ducroquet, président de la CGB (Confédération Générale des Planteurs de Betteraves) a ainsi déclaré que sur les 350 000 hectares de betteraves cultivés en France, « plus de 70 % sont traités au Gaucho». « En cas d’interdiction, nous n’avons pas de solution de remplacement, et nous serons obligés de revenir à l’épandage d’insecticide», a souligné M. Ducroquet.
« Pas de lien de cause à effet »
Un véritable retour en arrière environnemental, puisqu’à traitement égal, les doses sont plus massives que le Gaucho. Selon les estimations de l’AGPM, une telle interdiction entraînerait pour le seul maïs l’utilisation de 10 000 tonnes d’insecticides granulés, moins sûrs que l’enrobage dont bénéficie le Gaucho.
Au-delà de ces arguments purement sanitaires, les responsables agricoles se sont également interrogés sur l’influence réelle de ce traitement vis-à-vis des abeilles. « Il existe des zones où l’on observe une surmortalité des abeilles, malgré l’absence du Gaucho. Pour nous il n’y a pas de lien de cause à effet. D’ailleurs le Gaucho est utilisé dans plus de cent pays, et il n’y a qu’en France qu’il existe une telle polémique. Ce problème de mortalité est plus ancien» a tempêté le président de l’AGPM. Pour Bernard de Verneuil, président de la Fédération des Oléo-Protagineux, « on ne peut pas prendre des décisions appuyées sur une absence de preuves. Il faut savoir pour décider ». C’est bien là l’objectif de la lettre ouverte au Premier ministre.