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Fruits : les producteurs à la reconquête du marché local

Confrontés à un problème croissant de compétitivité face aux importations, les producteurs français de fruits entendent jouer la carte de la qualité et de la proximité.

La Fédération nationale des producteurs de fruits, qui a tenu son congrès annuel les 7 et 8 février à Bourges (Cher), réfléchit à une sorte de marque d’origine France comme l’a fait la viande bovine. Une marque qui rappellerait que les prix français comportent des coûts d’emploi, de protection sociale, d’efforts environnementaux et sanitaires plus élevés qu’ailleurs, notamment hors UE.

Comment attirer les consommateurs quand on vend plus cher que les autres ? De nombreux moyens existent.

Une solution est la vente directe. Les boutiques à la ferme se multiplient, ont constaté les dirigeants de la FNPFruits. Les producteurs jouent la corde de la proximité, de l’emploi local (« nos emplois sont nos emplettes »), de la qualité spécifique à la région. À chaque fois, il faut donner beaucoup d’explications aux consommateurs sur le métier : la taille des arbres du verger, la façon de les traiter, les procédés de cueillette, l’importance des coûts de main-d’œuvre, le respect des cycles saisonniers pour exprimer la meilleure texture et les meilleurs arômes du fruit, etc.

Une autre solution peut consister pour les producteurs à créer des réseaux de distribution spécifiques, telle l’enseigne Grand Frais, qui compte désormais dans le paysage commercial des fruits et légumes.

Des produits spécifiques pour la GMS

Les producteurs peuvent aussi tout simplement utiliser le canal de la grande distribution, mais en faisant valoir des produits spécifiques. Gilles Tonnaire, secrétaire général de la FDSEA du Jura, a livré le témoignage des producteurs de comté sous AOC. Les éleveurs se sont engagés à nourrir leurs vaches avec des fourrages locaux. En contrepartie, ils ont obtenu l’écoulement de leurs fromages en grandes surfaces. Les enseignes savent que « quand elles nous imposent des prix trop bas, nous intervenons dans les magasins. Sans rien casser, nous vidons les étals de comté et les distribuons aux clients », a précisé Gilles Tonnaire.

À un intervenant qui craignait que les enseignes ne puissent supporter des hausses de prix pour conserver leurs marges, le député Jean-Paul Charié (Loiret, UMP) a répondu que l’on est loin d’en arriver là. Selon lui, la solution pour les producteurs de justifier des prix de vente plus élevés est de proposer des produits qui se démarquent des autres, par une qualité spécifique et expliquée aux consommateurs.

Montrant qu’il reste de la marge, Francis Declerck, professeur associé à l’Essec, a rappelé que la hausse des prix des fruits en 2006 a été de 1,6 %, pour une inflation générale de 2,4 %, une hausse de l’énergie de 16 % et de la joaillerie de 15 %.

Le consommateur peut probablement payer un peu plus les producteurs, si on lui explique que derrière un prix se cache du travail et de la dignité, a résumé Ezzedine el Mestiri, directeur du magazine Le Nouveau Consommateur. Le commerce équitable n’est pas qu’une relation Nord-Sud, mais peut aussi être une relation Nord-Nord, a-t-il expliqué.

Rédaction Réussir

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