France Miel modernise ses équipements
Quatre-vingts professionnels, près de sept cents adhérents pluriactifs… France Miel et sa structure de commercialisation Naturalim ne sont pas numéro deux en France pour rien. La structure établie à Port-Lesney dans le Jura pèse pour 5 000 tonnes de miel.
« Nos producteurs, cette année, nous ont fourni 2 000 tonnes de miel. Pour les besoins de Naturalim, nous en avons importé 3 000 tonnes. Principalement de Hongrie, d’Espagne, d’Argentine et du Chili, pour ce qui concerne le miel solidaire, ou plutôt le miel équitable. Au total, 75 % du miel que nous commercialisons est communautaire », indique le p-dg Alexis Ducloz.
Derrière ces chiffres se nichent les difficultés des producteurs français à conserver des prix de vente correspondant aux coûts de revient. « Pour bien comprendre la situation que nos producteurs vivent, il faut bien voir que l’embargo sur le miel chinois, décidé le 1er janvier 2002 par Bruxelles, s’est traduit par un manque au niveau mondial et donc une envolée des prix. Et comme en 2002 et 2003 la production européenne a été de niveau faible, le prix de notre miel est demeuré à un niveau élevé», précise Alexis Ducloz. Et d’ajouter : « Le problème, c’est qu’avec la levée de l’embargo sur le miel chinois, décidée le 1er septembre dernier, le cours s’est effondré. Il a été pour ainsi dire divisé par deux. La tonne est passée de 2800 à 1500 dollars ».
Une dépression difficile à digérer pour les producteurs européens. « Heureusement, chez nous le prix du miel n’a pas diminué d’autant» tempère le numéro un de Naturalim. « Les prix sont cependant en baisse et la filière est en crise». Pas pour cette seule raison. Car les problèmes sanitaires sont aussi montrés du doigt. « Avant les problèmes nés du gaucho et du régent, il fallait placer 105 ruches pour en avoir 100 produisant du miel. Aujourd’hui, pour avoir toujours 100 ruches, il faut en élever 125».
«La France agricole» a besoin d’abeilles
Le taux de mortalité des abeilles a donc été multiplié par cinq. « Dans l’Ouest de la France, elles ont accès à des nectars de tournesol et de colza sur lesquels on a épandu des pesticides et des herbicides. Ce qui veut dire que les abeilles n’ont plus d’alimentation diversifiée. C’est un peu comme si on imposait à un homme de manger que de la viande !» explique Alexis Ducloz. Et de juger : « La responsabilité de la situation actuelle est celle des producteurs de molécules, mais aussi de ceux qui délivrent les autorisations, en l’occurrence le pouvoir politique. Il faut bien voir que l’abeille n’a pas qu’un seul rôle alimentaire avec la production de miel. Elle a aussi un rôle écologique vital pour la nature. Il faut donc faire en sorte que la filière puisse exister. La France agricole a besoin d’abeilles en bonne santé».
C’est le souhait de tous les producteurs de France Miel et de Naturalim qui a investi 2,3 millions d’euros au cours des deux dernières années pour moderniser ses équipements et doubler sa surface, en la portant à 5 300 m2. Des investissements nécessaires pour la structure franc-comtoise qui est la seule de type coopérative qui met le miel en pots. « Et on privilégie aussi des coopératives pour nos importations».