Fragilisés, les vignerons indépendants réagissent
« Le millésime 2005 s'annonce excellent, avec beaucoup de couleurs et de matières », selon les responsables du syndicat des vignerons indépendants. Pourtant avec un stock évalué à 38,4 M d'hl au 31 juillet dernier (soit 18,6 % de plus que l'an passé), le début de campagne s'annonce délicat. Dans ce contexte tendu, les vignerons indépendants se sentent asphyxiés par le poids des contraintes et des réglementations. « On ne voit pas à court terme de solution, a déclaré hier Eric Rosaz, directeur des Vignerons indépendants lors d'une conférence de presse. J'ai peur que quels que soient les rendements fixés les vignerons ramassent toute leur vigne » (lire p3). Si pour 2005 tout semble jouer, l'organisation syndicale s'est d'ores et déjà mise en ordre de bataille pour 2006. Elle a annoncé hier la création dès janvier prochain d'une structure pour aider les vignerons indépendants sur les marchés export en leur proposant de l'information réglementaire et commerciale, du conseil ou une mise en relation commerciale. Sur l'emploi qui représente entre 20 et 25 % des charges en viticulture, les Vignerons indépendants se sentent oubliés par le plan emploi du gouvernement et réclament une table ronde avec les ministères du travail et de l'agriculture pour réfléchir avec la filière fruits et légumes sur l'application de certaines des propositions du parlementaire Jacques Le Guen.
Autre axe prioritaire sur lequel les Vignerons indépendants se montrent très virulents : l'organisation économique. Si le syndicat ne se dit pas hostile au regroupement de l'offre, elle s'oppose fortement au lobby de certaines organisations qui voudraient que le texte de loi d'orientation, discuté à l'automne au Parlement, ne reconnaisse qu'un seul type d'OP. Une mesure qui serait vécue par les 6 000 vignerons indépendants comme une atteinte à leur liberté d'indépendance. « En 2006, nous serons aussi très vigilants sur la gestion des conseils des interprofessions», a également prévenu Xavier de Volontat, président des Vignerons indépendants. Et le secrétaire général Michel Issaly d'ajouter « On veut participer au collège de la commercialisation. Si on ne peut pas décider, on ne va pas continuer à donner de l'argent ».