Foule à Versailles pour le show politico-syndical
"Le grand show politico-syndical mis au point par François Guillaume, le Monsieur Loyal du syndicalisme agricole, a drainé la grande foule à Versailles pour voir les grands ténors politiques dans leur numéro « moi, la paysannerie, je connais et je soutiens ». Tout yeux et tout ouïes, mais un sourire sceptique au coin des lèvres, les dirigeants de toutes les fédérations départementales du syndicalisme majoritaire, des syndicats spécialisés par produits, de toutes les grandes organisations n’ont pas voulu perdre une parole ni un geste de ces spécialistes du grand spectacle que sont MM. Marchais, Jospin, Giscard d’Estaing et Chirac. Au départ, François Guillaume avait tracé le cadre. Pour les orateurs : 30 minutes pour chacun, pas d’évocation du passé, quelques lignes pour le présent, mais surtout un discours axé sur l’avenir de l’agriculture et sur les moyens que chacun veut lui donner. Pour les congressistes : des applaudissements neutres, éventuellement nourris mais égaux pour chacun des invités. C’est d’abord M.Lionel Jospin, premier secrétaire du Parti socialiste, qui a pris la parole. On attendait surtout son point de vue. Après avoir brodé sur l’importance de l’apport du monde agricole, il a tenté de faire l’apologie de ce que la majorité gouvernementale avait réalisé pour l’agriculture « étant certain qu’aucun orateur qui le suivrait ne le ferait pour lui » : les MCM (montants compensatoires monétaires, Ndlr), le chèque britannique, l’élargissement, les offices par filière, les améliorations sociales, le droit à la retraite à 60 ans… A l’occasion, il a remercié sans ironie les agriculteurs de la part qu’ils ont prise à la modération de l’inflation. Puis M. Marchais est venu s’exclamer : « Nous voulons donner à la France une agriculture forte et puissante, afin que ceux qui vivent du travail de la terre puissent en vivre dignement ». Pour leur part, MM.Chirac et Giscard d’Estaing ont caressé la FNSEA dans le sens du poil, reprenant la majorité de ses propositions et concluant sur la nécessité d’une démocratie participative n’acceptant ni trop d’État, ni trop peu d’État.