Foie gras : une première CCP fermière
« Dans un premier temps, il y a dix ans, nous avions décidé de travailler à l’obtention d’une AOC, car nous pensions que le terroir jouait un rôle important sur la qualité du produit fini, ce qui a été confirmé par les analyses sensorielles que nous avions réalisées, raconte Patrick Dussau, producteur de foie gras fermier à Pimbo (Landes) et président de l’association Tradition des Pays Landais (TPL). Puis, lorsque l’IGP a été créée, nous voulions aussi pouvoir utiliser les termes géographiques correspondants à nos régions de production et nous avons monté un dossier de CCP, dans le cadre de l’IGP Sud-Ouest. Cette démarche va aussi nous permettre de communiquer auprès de nos clients sur notre façon de travailler. Il est important pour nous de pouvoir certifier que nous pratiquons réellement ce que nous disons, car il y a beaucoup de « truands » dans le secteur du produit fermier, nous en rencontrons régulièrement sur les foires et les marchés. »
Les producteurs fermiers regroupés au sein de TPL Dix producteurs composent le conseil d’administration de TPL, mais une trentaine, potentiellement intéressés, suivent avec intérêt la démarche., ont ainsi voulu mettre en avant la saisonnalité de leur production, avec l’arrêt du gavage en été, la limitation à 600 du nombre de canards dans une même bande et à 10 000 du nombre de palmipèdes passant sur l’exploitation en un an, l’utilisation de la race ancienne rouen, l’élevage sur parcours herbeux (60 % d’herbe minimum), avec possibilité de rotation sur d’autres parcours si le terrain devient trop boueux, le gavage au maïs grain Les céréales et protéagineux pour l’aliment, et le maïs pour le gavage doivent être produits dans le Sud-Ouest. et l’abattage à 118 jours minimum. Le bien-être des animaux est également pris en compte, puisque le gavage doit se faire, à partir de 16 semaines, uniquement en parcs collectifs.
10 producteurs mais un fort potentiel
Pour coller avec la définition de « produit fermier», bien que le décret réglementant cette appellation ne soit pas encore paru, le producteur devra être éleveur, gaveur, transformateur et vendre ses produits en direct. Il devra aussi respecter la limite de 10 000 oiseaux élevés sur l’exploitation par an. Ainsi, s’il passe par un intermédiaire, un producteur fermier vendant ses produits au Japon pourra utiliser la CCP-IGP, avec la dénomination géographique, mais n’aura pas le droit d’apposer le terme « fermier» sur son étiquette. De même, un exploitant élevant des poulets fermiers Label Rouge et des canards gras par an, s’il dépasse les 10 000 têtes par an, pourra utiliser le terme « fermier » pour ses poulets, mais pas pour ses canards.
La reconnaissance administrative de cette première CCP fermière, baptisée « Produits du canard gras des producteurs fermiers du Sud-Ouest», a eu lieu en décembre dernier, mais le plan de contrôle, établi par l’organisme certificateur Qualisud, doit encore être validé. Comme son nom l’indique, la CCP pourra être utilisée par tout producteur fermier du Sud-Ouest (zone de l’IGP foie gras) respectant son cahier des charges. Les dix agriculteurs aujourd’hui investis dans la démarche produisent chacun 1 000 à 6 000 canards par an, mais le potentiel sur la zone de TPL (vallée de l’Adour) serait de 100 000 têtes.