FO craint une année noire pour l’emploi dans la grande distribution
Confronté à une nouvelle redistribution des cartes, le secteur de la grande distribution devrait présenter un bilan de l’emploi négatif pour la deuxième année consécutive selon le syndicat Force Ouvrière. Lors d’une conférence de presse organisée vendredi, la FGTA-FO, branche agroalimentaire de l’organisation, a estimé à -15 000 emplois le solde pour 2005 (ndlr : chiffres syndicats). « En 2004, l’annonce de -1 100 emplois(ndlr : chiffres FCD) a été un choc, car le secteur ne s’était jamais trouvé dans une telle dynamique. Mais à l’avenir le chiffre va être de plus en plus mauvais, si les enseignes arrivent à faire ce qu’elles ont en tête », a expliqué Dejan Terglav, secrétaire général de la FGTA-FO.
Ce mouvement de fond, qui reste suspendu à la publication des chiffres de la FCD (Fédération des entreprises du commerce et de la distribution) s’expliquerait par la combinaison de la réforme de la loi Galland, la poussée du hard discount ou encore l’externalisation de plus en plus forte des tâches. Les sièges sociaux (services paie ou comptabilité), la logistique ou l’informatique sont les premiers touchés, mais le personnel de magasin pourrait bientôt l’être avec la multiplication des tests de caisses automatiques. « Auchan a annoncé une réduction de ses frais fixes de 10 %. Or les salariés représentent 80 % des frais fixes. Dans le même temps, Carrefour redirige 1 000 postes de l’administratif en magasin. […] Si le ministre de l’Emploi et la branche ne nous aident pas, on craint une période difficile », ajoute M. Terglav, qui va envoyer un courrier à MM. Borloo et Bédier pour entamer un dialogue sur la gestion prévisionnelle de l’emploi.
L’exemple Hollandais fait peur
La mutation des formats et le transfert progressif vers le hard discount s’accompagnent d’un besoin de personnel moins pressant. À Toulouse, le passage d’un hypermarché sous le format hard discount ce serait traduit par 50 % d’employés en moins. La peur de voir toutes les enseignes basculer dans ce modèle économique inquiète les syndicats, pas rassurés non plus par les évolutions technologiques comme la RFID ou le self scanning. Encore balbutiants, ces domaines pourraient aboutir au reclassement des caissières. « Il faut s’en donner les moyens, car on ne reclassera pas tout le monde dans le commerce » assure Dejan Terglav. Chez Auchan, 1 500 emplois ont été supprimés en 2005, mais pour Christian Crétier, secrétaire fédéral en charge du groupe nordiste, 2006 pourrait s’apparenter à une année noire avec « 5 000 emplois en moins sur un total de 65 000» chez Auchan, un chiffre néanmoins contredit par la direction. Querelle de chiffres ou non, le secteur est engagé sur la voie des économies, dans un contexte de guerre des prix entre enseignes. Les nombreux tests démarrés ces dernières années, en phase d’achèvement ou en cours d’étude, ne devraient plus tarder à entrer en application. Si l’on y ajoute l’exemple hollandais de guerre sur les prix (10 % de réductions d’effectif dans l’ensemble de la grande distribution), le ciel est plutôt sombre pour les salariés des enseignes.