Flodor : la délocalisation sauvage en justice
L’ex-directeur de l’usine Flodor à Péronne (Somme), Vilmo Maderi, comparaît mardi devant le tribunal correctionnel de la ville pour le démontage et le déménagement en août 2003 d’une partie de l’outil de production alors que les salariés étaient en congé forcé. M. Maderi, 56 ans, de nationalité italienne, est jugé notamment pour « entrave » au Comité d’établissement (CE) et au Comité d’hygiène et de sécurité et des conditions de travail (CHSCT), ainsi que pour « obstacle » aux fonctions d’inspecteur du travail. Il encourt jusqu’à un an d’emprisonnement.
Mi-août 2003, alors que les 200 salariés de l’usine (groupe italien Unichips) étaient en congé forcé pour une semaine au titre de la RTT, la direction italienne du groupe avait fait démonter et déménager vers l’Italie deux des quatre chaînes de production de chips, pour les revendre. Rapidement alertés, des élus au CE et CHSCT avaient pu constater le flagrant délit, mais ils avaient été empêchés physiquement de pénétrer sur le site.
Après une garde à vue de 48 heures, M. Maderi avait été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire. L’activité de l’usine, amputée des machines manquantes, avait pu reprendre fin août et une nouvelle direction être nommée. « C’est un procès de principe. Il faut que l’on sache que dans ce pays on ne peut pas, dans l’impunité, décider du jour au lendemain de prendre des équipements et du matériel pour les emporter ailleurs », estime Me Amine Ghenim, avocat des parties civiles. L’avocat de M. Maderi, Me Rémi-Pierre Drai, reconnaît que la méthode a pu « choquer sur le plan affectif et moral » mais « le principe même du déménagement était acquis, tout le monde savait ».