Flexibilité
Selon certaines déclarations, l’industrie de la viande ne s’inquièterait guère de la peste aviaire. « Si les consommateurs se défient de la volaille, nous utiliserons plus de viandes bovine ou porcine, nous avons de la flexibilité » disent ces professionnels. On suppose que ceux-là ne sont guère impliqués dans la filière volailles : il leur suffira de modifier les mélanges dans les cutters pour passer de la galantine au pâté de tête, ou des panés à la terrine de langue. Certes, ensuite, il faut refaire les étiquettes, les catalogues, les linéaires, les marchés d’export. C’est quand même du boulot, et pas très productif. Pour les producteurs de volailles, ça sera plus dur. Transformer un poulailler en porcherie, c’est possible mais pas gratuit. Y mettre des bovins à l’engrais, c’est plus acrobatique. Quant au consommateur, rien ne dit qu’il consentira à cette flexibilité gustative, ni que son élan de flexibilité ne l’entraîne vers d’autres repas. Donc la flexibilité susdite pourrait s’avérer plus raide que prévu. Mais c’est toujours comme ça : la flexibilité n’est douce que pour les autres, et les contorsions qu’elle suppose ne donnent le torticolis qu’à ceux qui, n’y étant pas soumis, peuvent garder la tête droite et l’œil inflexible.