F&L : le dialogue de sourds continue
Nouer un partenariat gagnant gagnant avec la distribution était l’objectif de la table ronde organisée mardi à Agen. C’était un des moments forts du Sifel, celui sur lequel le salon agenais devait s’ancrer plus avant dans l’actualité économico-sociale difficile de la filière.
Autour d’une ronde d’invités copieuse, depuis les syndicalistes locaux en passant par une représentante de l’Union européenne, le président d’Interfel, la présidente de la FNPL, le vice-président de la FNPF en live à Agen et avec en visioconférence notamment Jérôme Bédier (FCD) à Paris les débats ont eu des faux airs de dialogues de sourds peu aidés il est vrai par une retransmission moyenne. Parce qu’il était question de signer un nouveau contrat « gagnant-gagnant » entre producteurs et distributeurs, la partie était ambitieuse.
En énumérant les problèmes, François Lafitte, président du bassin Grand Sud-Ouest mit rapidement le doigt sur une constante indétrônable : les fruits et légumes sont bien des marchés de produits génériques où les marques commerciales ont peu de prise, et où la loi de l’offre et de la demande joue à plein, avec ses travers et ses bonheurs. « Les objectifs des distributeurs sont complètement différents des nôtres » reconnaissait-il, ajoutant « ils cherchent à offrir le produit le moins cher possible dans une catégorie donnée, tandis que nous, producteurs, cherchons à les valoriser au maximum, voire à commercialiser les quantités maximums. »
Vous avez dit équitable ?
Moins analytique, Angélique Delahaye, présidente de la FNPL, s’insurgeait d’entendre parler de commerce équitable avec les producteurs sud-américains alors que ce concept est impensable sous nos contrées. « Nos salariés ne sont pas des esclaves, ils peuvent espérer mieux que ce que nous leur offrons en terme de salaire, mais pour mieux les rémunérer, il nous faut de meilleur prix » argumentait-elle avec justesse.
Prenant la suite, Jérôme Bédier s’attardait sur les volontés d’encadrement des prix, de coefficients multiplicateurs qui se sont fait jour, notamment au Parlement en début d’année et revenait sur le rôle, celui qu’il conçoit, qu’une interprofession peut jouer : « C’est un sujet de fond, elle doit être redéfinie et s’occuper de promotion et de stratégie et qu’on ne cherche pas de vraies fausses solutions dans l’encadrement des prix qui ne rééquilibrent rien du tout. »Il en a profité au passage pour réclamer, comme les professionnels d’ailleurs, la mise en place de l’observatoire des prix et des marges de la filière « premier juge de paix pour conduire des analyses efficaces ». D’autres, syndicalistes, en appelèrent à l’État pour qu’il joue le rôle d’arbitre dans l’interprofession, ou bien encore à une alliance urgente entre consommateurs qui payent trop cher et producteurs qui gagnent trop peu… Comme si chacun discourait dans son coin.