F&L d'été : la Tunisie, nouvel eldorado ?
Produire des fruits d'été en Tunisie pour compléter le calendrier de commercialisation français, c'est l'idée retenue par la coopérative Chanabel de Salaise/ sur Sanne, dans l'Isère, qui travaille au projet depuis 2001. Un projet concrétisé l'an dernier avec la mise en marché des premiers abricots tunisiens. « Il est de plus en plus difficile de produire dans le nord de la Vallée du Rhôneexplique Yves Pascal, le président de Chanabel. D'une part à cause des problèmes de Sharka qui amenuisent notre potentiel, d'autre part en raison du manque de précocité. Depuis longtemps, nous nous sommes installés dans la plaine de la Crau, les Costières du Gard, puis l'idée de la Tunisie s'est imposée. »
En 2001, après plusieurs mois de prospection, Chanabel retient la zone de Sbikha, près de Kairouan, et loue 46 ha pour 20 ans. La société Agroland Tunisie SA est créée, sur la base d'un partenariat franco-tunisien (75 % d'investissements français) facilité par l'Aagence pour la promotion des produits agricoles. Car la Tunisie mène une politique dynamique de mise en valeur de ses terres agricoles en favorisant les investissements étrangers au travers d'incitations fiscales, de financements des installations, d'exonérations, etc. et un salaire moyen de
« 5 euros pour 8 heures de travail ».
L'objectif pour l'Apia et les organismes professionnels associés est de créer « une nouvelle filière fruits en Tunisie » avec l'ambition à court terme d'atteindre 32 000 t d'abricots et 160 000 t de pêches exportées. La délégation tunisienne qui intervenait la semaine dernière à Europech (lire notre édition de mardi) n'a pas manqué d'évoquer les possibilités de flux dans l'autre sens. Mais pour sa part, Chanabel continue ses investissements. Une pépinière a été créée (la Tunisie interdit l'entrée de plants racinés), une station de conditionnement et une retenue collinaire ont été construites. Récemment, 18 ha d'abricotiers ont été équipés de couverture pare grêle pour protéger les arbres du sirocco. Une nouvelle société off shore, Sidi Sole exploitera 25 ha de fruitiers. « Trouvez moi 250 ha ! », devait conclure Yves Pascal. Peut être sans plaisanter. Car « en France, la filière arboricole n'a plus de projets».